Famille des Cistacées, genres Cistus, Halimium et Helianthemum
Les cistes, halimiums et hélianthèmes sont des arbrisseaux au feuillage persistant et aromatique, natifs des rives de la Méditerranée ou de la Mer Noire, , qui prospèrent dans la broussaille, maquis ou garrigue.
Il en existe environ 24 espèces de cistes, d’une grande diversité. Leur port est rampant, étalé, en boule ou érigé, d’une hauteur qui va de 30 cm à 3 m. Ceux au port étalé ou tapissant font de bons couvre-sols.
Ils ont été étudiés dès le 16iè siècle par Charles de l’Ecluse, Joseph Pitton de Tournefort, Carl Von Linné, … , qui les ont nommés et renommés, donc certains sont connus sous plusieurs noms, les anciens perdurant, avec des confusions fréquentes !
Les feuilles sont opposées, ovales ou lancéolées. Le feuillage est parfois pubescent, couvert d’un duvet de poils courts et fins, gris-vert, sinon luisant, vert sombre, enduit d’une résine aromatique, le ladanum, utilisé depuis l’Antiquité dans la fabrication d’encens et de parfums.
Les cistes sont pyrophiles : la germination des graines est favorisée par un feu de forêt, ce qui leur permet ensuite de coloniser rapidement et de former des cistaies.
Leur rusticité est moyenne, guère au-delà de – 10° La plupart tolèrent un sol calcaire, mais certains risquent d’y faire une chlorose (jaunissement des feuilles).
Ne pas sous-estimer leurs cousins, halimiums et hélianthèmes, très décoratifs, bien plus faciles à intégrer dans un petit jardin.
1) Fleur et pollinisateurs
La floraison est printanière, sur une durée de 3 à 8 semaines. La fleur, éphémère, éclot le matin, et perd ses fragiles pétales dans l’après-midi.
Les cinq pétales, blancs ou roses, ont la délicatesse d’un papier de soie chiffonné. Ils sont libres et forment une corolle en bol, régulière, sans odeur, de 2 à 10 cm de diamètre. A leurs base, Ils portent souvent une macule (tache) qui guident les insectes vers le pollen.
Les étamines, très nombreuses, forment un bouquet autour du pistil à un style.
La fleur produit en faible quantité un nectar concentré. Elle est butinée pour son pollen abondant par des abeilles, des diptères (des « mouches ») et des petits scarabées.
2) Cistes à fleurs roses
Cistus albidus, ciste cotonneux ou ciste blanc à cause de ses feuilles tomenteuses. Hauteur et largeur environ 1 m. Un des premiers à fleurir, au début du printemps. Assez grandes fleurs, entre 4 et 6 cm de diamètre.
Cistus creticus., ciste de Crête. Hauteur et largeur environ 1 m. Feuillage gris-vert, jeunes pousses aromatiques. Fleurs, entre 4 et 5 cm de diamètre. Espèce très variable, il en existe plusieurs sous-espèces comme subsp. corsicus ou subsp. creticus. Moyennement rustique, de – 8° à – 10°. Sur sol acide à légèrement calcaire.
Cistus crispus, ciste crispé. Ressemble au ciste de Crête, mais plus bas (40 cm) et étalé (largeur 80 cm). Feuillage gris-vert au profond relief et bords ondulés. Fleur entre 3 et 4 cm de diamètre, d’un rose intense. Sur sol acide ou neutre mais pas calcaire.
3) Cistes à fleurs blanches
Cistus ladanifer, ciste à gomme. Grandes dimensions, hauteur 2,5 m et plus. Feuilles glabres (sans pilosité), longues et étroites, vert foncé, luisantes. Jeunes pousses collantes et aromatiques, secrétant du ladanum par temps chaud. Superbe fleur de 7 à 10 cm de diamètre, portant des macules sombres. Grâce à elle, il est le parent de nombreux hybrides. Il existe une forme sans macule, var. albiflorus. À cultiver sur sol acide uniquement, comme par exemple dans le Massif de l’Estérel, où il pousse sur sol siliceux.
Cistus monspeliensis, ciste de Montpellier. Hauteur 1,2 m, largeur 1 m. Son feuillage a le même aspect que celui du ciste à gomme. Petite fleur de 2 à 3 cm de diamètre, sans macules.
Cistus laurifolius, ciste à feuilles de laurier. Hauteur 2 m et plus, largeur 1 m. Grand ciste érigé, à écorce rougeâtre qui se desquame. Grandes feuilles aromatiques, glabres, vert foncé, luisantes. Jeunes pousses collantes et aromatiques par temps chaud. Floraison tardive, en fin de printemps. Fleur de 5 à 6 cm de diamètre. Le plus rustique, jusqu’à – 15°. En sol acide à légèrement calcaire.
Cistus salviifolius, ciste à feuilles de sauge. Un des rares cistes présents sur la façade atlantique et dans le Massif Central. Hauteur 80 cm, port dense, très ramifié, plus ou moins étalé. Feuillage gris-vert, floraison longue (2 mois) et abondante, fleur de 4 à 5 cm de diamètre. En sol acide ou neutre mais pas calcaire. Exposition : aime la mi-ombre.
Cistus libanotis, ciste du Liban. Hauteur 1,2 m, largeur 80 cm. Feuilles linéaires (très étroites), aromatiques, vert mat. Fleur de 3 cm de diamètre. Cistus clusii est proche de Cistus libanotis.
Cistus populifolius, ciste à feuilles de peuplier ou ciste de Narbonne. Arbuste vigoureux, érigé, hauteur 2 m, largeur 1 m. Grandes feuilles ovales, cordées, au bord ondulé, vert foncé tournant rouge violacé en hiver. Fleur de 4 à 6 cm de diamètre. En sol acide à légèrement calcaire.
Cistus inflatus = C. hirsutus, ciste enflé ou hirsute, natif de la Péninsule ibérique et naturalisé sur la côte atlantique, en Bretagne notamment. Supporte assez bien l’humidité. Hauteur 1,2 m, largeur 1,5 m. Longue floraison, fleur de 4 à 6 cm de diamètre. En sol acide ou neutre.
Cistus parviflorus. Ce ciste à fleur rose clair est classé avec ceux à fleur blanche, car il s’hybride bien avec eux (voir C. x skanbergii et C. x lenis). Port étalé, hauteur 60 cm, largeur 1 m. Feuillage gris-vert. Fleurs de 3 cm, petites mais nombreuses. Moyennement rustique, de – 8° à – 10°.
4) Hybrides
Deux cistes ayant des fleurs de même couleur s’hybrident facilement. Par la suite, on notera rose x rose un hybride de 2 espèces à fleurs roses, blanc x blanc et rose x blanc les autres cas. Ce sont des hybrides simples dont les deux parents sont connus. Ils sont nombreux, anciens, souvent spontanés.
Hybrides rose x rose
Cistus x pulverulentus ‘Sunset’. Un croisement C. albidus x C. crispus. Hauteur H = 60 à 90 cm, largeur l = 1,5 m, port étalé. Feuillage gris-vert, floraison tardive et longue. Fleur rose de 5 à 6 cm de diamètre.
Cistus × canescens f. albus. Un croisement C. albidus x C. creticus. La variété f. albus a une grande fleur blanche de 7 à 8 cm de diamètre. H = 90 cm, l = 1,5 m. Feuillage gris-vert.
Cistus x crispatus ‘Warley Rose’. Un croisement C. creticus x C. crispus. H = 45 cm, l = 90 cm, port étalé. Feuillage gris-vert, aromatique. A hérité de la belle fleur rose de C. crispus.
Hybrides blanc x blanc
Cistus x dansereaui = Cistus x lusitanicus, ciste du Portugal. Un croisement C. ladanifer x C. inflatus. Deux cultivars : ‘Jenkin Place’. H = l = 1,5 m. Grande fleur blanche 8 cm à macules rouges. En sol acide uniquement. ‘Decumbens’. Port étalé, H = 80 cm, l = 1,2 m. Fleur blanche 6 cm à macules rouge cramoisi.
Cistus x verguinii ‘Paul Pècherat‘. Un croisement C. ladanifer x C. salviifolius. H = 1 m, l = 1,5 m. Grande fleur blanche à macules pourpre foncé.
Cistus x florentinus. Un croisement C. monspeliensis x C. salviifolius. Port compact et ramifié, en boule étalée, feuillage vert sombre et odorant, floraison abondante. ‘Tramontane’, et ‘Repens‘, deux formes tapissantes. H = 40 cm, l = 80 cm.
Cistus x skanbergii. Un croisement C. monspeliensis x C. parviflorus. Port étalé, H = 60 cm, l = 1 m. Abondance de petites fleurs rose clair, héritées de C. parviflorus, de 3 cm de diamètre.
Cistus x corbariensis = Cistus x hybridus, ciste des Corbières. Un croisement C. populifolius x C. salviifolius. H = 80 cm, l = 1 m. Nombreuses fleurs blanches. En sol acide à légèrement calcaire.
Cistus x lenis ‘Grayswood Pink’. Un croisement C. parviflorus x C. sintenisii. H = 30 cm, l = 1 m, port tapissant. Floraison abondante rose clair, couleur héritée de C. parviflorus.
Cistus x obtusifolius. Un croisement C inflatus x C. salviifolius. H = 90 cm, l = 1,2 m. Floraison blanche, abondante et longue.
Hybride rose x blanc
Cistus x purpureus., ciste pourpre. Le seul de ce type car des barrières génétiques rendent difficile les croisements rose x blanc, ici entre un C. ladanifer et un C. creticus. H = l = 1 à 1,5 m. Jeunes pousses collantes et aromatiques par temps chaud. Grande fleur rose de 6 à 8 cm à macules pourpres.
5) Les halimiums
Ce sont des « cistes à fleurs jaunes » (sauf un à fleurs blanches). Il s’agit de 8 espèces méditerranéennes persistantes, de rusticité moyenne. Excepté H. halimifolium, de grand diamètre, ils sont moins encombrants que les cistes dans un petit jardin. Leur port est compact, dense, ramifié. Leur floraison jaune en début de printemps amène la gaieté après les mois d’hiver. La taille est facile et rapide.
Comme celle des cistes, la fleur produit très peu de nectar.
Par le passé, les halimiums ont été classés avec les cistes ou les hélianthèmes, donc ils ont plusieurs noms, les anciens qui perdurent et les nouveaux, avec des erreurs fréquentes !
Halimium lasianthum subsp. formosum (Péninsule ibérique, Maroc). Port étalé, hauteur 60 cm, largeur 150 cm. Feuillage gris-vert dense, floraison précoce durant 4 semaines environ, fleur jaune à macules brun-rouge, de 3 à 4 cm de diamètre, très élégante.
H. commutatum (Péninsule ibérique, Maroc). Port étalé, hauteur 50 cm, largeur 80 cm. Beau feuillage linéaire vert foncé luisant. Fleur jaune de 3 cm de diamètre sans macules. Sur sol acide à légèrement calcaire.
Autres petits halimiums à fleur jaune, H. atriplicifolium, H. ocymoides et H. libanotis. Le seul halimium à fleur blanche, H. umbellatum.
H. halimifolium, grand hélianthème à feuille d’arroche (Péninsule ibérique, Corse, Italie, Maghreb). Hauteur jusqu’à 1,5 m. Feuillage gris-vert, fleur jaune de 3 à 4 cm de diamètre, avec ou sans macules. La floraison la plus longue, 2 mois. Sur sol acide à légèrement calcaire.
6) Hélianthèmes
Ce sont des arbrisseaux de petit format, hauts de 15 à 50 cm, au port étalé, très florifères, superbes dans un jardin de rocaille, isolés ou en couvre-sol.
Proches des cistes, ils ont un avantage sur eux : la plupart sont bien rustiques, au-delà de – 15°.
Le marché est dominé par de nombreux hybrides, comme Helianthemum ‘Ben Fhada’, issu d’un croisement entre un H. apenninum et un H. nummularium.
7) Culture des cistes, halimiums et hélianthèmes
Ils sont sobres en eau, préfèrent un sol minéral, pauvre et surtout bien drainé, en pente s’il est lourd. Ne pas ajouter de terreau ni d’engrais, pailler la surface. Quand le plant est bien enraciné, après un an, les arrosages peuvent cesser, sauf en cas de sécheresse prolongée.
Plus le sol est riche et plus on les arrose, plus leur port se disperse, plus leur longévité (normalement 10 à 15 ans) se réduit, et moins ils résistent au froid.
La rusticité des cistes et halimiums est moyenne. En région froide, les planter dans un lieu bien ensoleillé, abrité des vents d’hiver.
Sans taille, le ciiste se dégarnit à la base, et il n’est pas possible de le rabattre pour le rajeunir car le vieux bois ne produit pas de bourgeons. Des tailles régulières sont préférables, la première après la floraison, où on raccourcit les branches de 15 à 20 cm, suivie d’une légère taille en automne. Eviter la taille sévère, et la taille en mars, qui supprimerait les bourgeons prêts à éclore ! Avec l’âge, les cistes perdent de leur superbe, il vaut mieux les remplacer.
Certains phlomis forment de bons couvre-sols denses. Il s’agit entre autres de Cistus crispus, Cistus salviifolius, Cistus x crispatus, Cistus x florentinus ‘Tramontane’, Cistus x gardianus, Cistus x ledon, Cistus x lenis ‘Grayswood Pink’, Cistus x pulverulentus, Cistus x skanbergii.
Chez certaines espèces de cistes, les racines peuvent s’associer à un champignon truffier (mycorhization).
Je remercie Olivier Filippi, de la pépinière Filippi, de ses précieuses notes de culture sur les cistes.