Fleur bilabiée

Une abeille visite une sauge

On trouve cette fleur complexe dans plusieurs familles de plantes, chez les sauges, digitales, penstemons, … Elle est conçue pour économiser le pollen et faciliter la pollinisation croisée.

C’est quoi, une fleur bilabiée ?

Bi – labié signifie ‘muni de deux lèvres’. La corolle d’une fleur bilabiée est formée d’un tube suivi de deux lèvres.

Pour bien s’adapter aux insectes, dont le corps présente une symétrie bilatérale (un côté droit, un côté gauche, une partie haute, une partie basse, une partie avant, une partie arrière), la fleur bilabiée fait de même : elle adopte une symétrie bilatérale.

La partie antérieure et élargie du tube s’appelle la bouche. Comme la nôtre, elle a un palais et une voûte. La bouche est un salon de réception joliment décoré. La lumière du soleil y est diffusée par un effet de vitrail ! En hauteur, les étamines et le style longent la voûte, les anthères et le stigmate affleurent sous la voûte, à l’extrémité de la lèvre supérieure. Ainsi placé, le pollen présent dans les anthères est difficile à collecter par les abeilles.

Des guides ou tags ornent la corolle et dirigent les butineurs vers le fond de la corolle, autour de l’ovaire, là où le nectar est secrété. Les deux récompenses sont éloignées autant que possible : le nectar dans le fond de la corolle, le pollen à son entrée. Le rôle du nectar est de les appâter et de les détourner du pollen.

Il existe une grande diversité de fleurs bilabiées. Selon l’espèce, la forme des lèvres, l’ouverture et la profondeur de la bouche varient beaucoup. Sur les images 1 et 2, les lèvres sont réduites. Elles sont longues et étalées sur les images 3 et 4.

La fleur bilabiée provient d’une fleur ancestrale à symétrie centrale (corolle étoilée), à pétales libres. Les pétales se sont joints à leur base pour former le tube. Une partie des lobes restants se sont joints pour former la lèvre supérieure, les autres pour la lèvre inférieure. Les étamines et le style ont migré sous la voûte. Des étamines inutiles sont devenues stériles ou ont disparu.

Pollinisation

Observons une abeille. Elle se pose sur la lèvre inférieure, puis s’engage dans la bouche à la recherche de nectar. À ce moment, les anthères frottent contre son dos et y déversent des grains de pollen, sans qu’elle s’en aperçoive. Lors du toilettage de l’abeille, le pollen tombé sur son dos sera hors de portée de ses pattes : il ne finira pas stocké sur les brosses à pollen, ne sera pas consommé par la colonie et servira à polliniser.

Elle se régale de nectar, puis recule et s’envole vers une autre fleur. En s’y engageant, son dos touche le stigmate placé à l’entrée de la corolle, y dépose du pollen, d’où pollinisation.

La fleur bilabiée est prévue pour accueillir une abeille de bonne taille. Les anthères ne frotteraient pas contre le dos d’une mini-abeille, trop basse.

Les anthères ne se vident pas au premier frottement, donc, à chaque visite, seule une fraction des grains de pollen est distribuée, ce qui permet aux abeilles suivantes d’être saupoudrées. Et chacune devra encore visiter d’autres fleurs pour compléter sa récolte de pollen.

Bilan. Les grains sont disséminés à petites doses sur un grand nombre d’abeilles qui multiplient les visites, ce qui accroît la dispersion du pollen et les chances de pollinisation. Ainsi, la fleur optimise l’utilisation de son pollen.