Berberis et mahonias

Osmie sur une fleur de berbéris

Famille des Berbéridacées, genre Berberis et Mahonia

Les mahonias (environ 70 espèces) et berbéris (environ 200 espèces) sont des arbustes onementaux, très rustiques, natifs d’Europe, Asie, Afrique et Amérique. En France, les mahonias sont absents, mais une espèce de berbéris est présente : l’épine-vinette Berberis vulgaris, en forte régression suite à son éradication au 19iè siècle comme vecteur d’un champignon, la rouille noire du blé.

Les berbéris et mahonias ont la même fleur, mais :

Image 1 : sur une tige de berbéris, chaque nœud porte une épine à plusieurs pointes, un faisceau de feuilles simples (non divisées), et lors de la floraison, une grappe pendante de fleurs. Le feuillage est persistant ou caduc.

Image 2 : les mahonias ont des  feuilles coriaces, pennées (divisées en folioles disposées des deux côtés de la nervure). Les tiges sont sans épines (mais les feuilles peuvent avoir des petites dents épineuses). Le feuillage est toujours persistant.

À première vue, il s’agit de deux genres distincts. Pourtant on passe des mahonias aux berbéris par quelques transformations simples sur les tiges et le feuillage. Le faisceau de feuilles simples d’un berbéris provient d’un rameau de mahonia sur lequel les entre-noeuds ont disparu et chaque feuille pennée a perdu ses folioles, sauf la terminale devenant une feuille simple. Quant à l’épine à plusieurs pointes, il s’agit d’une feuille pennée métamorphosée.

De plus, les berbéris et mahonias s’hybrident facilement. C’est pourquoi le genre Mahonia a été inclus dans Berberis. Par exemple, Mahonia aquifolium est devenu Berberis aquifolium, mais les pépiniéristes gardent les anciens noms.

Fleur et butineurs

La floraison est printanière.

La fleur est petite, sa longueur est inférieure à 10 mm. 6 ou 9 sépales libres entourent 6 pétales libres, qui forment une corolle régulière, étoilée. Elle abrite 6 étamines et le pistil.

Les sépales et pétales ont la même couleur, jaune à orange.

L’anthère de chaque étamine est blottie dans le creux d’un pétale. Des glandes nectarifères sont présentes à la base des pétales.

Riche en nectar facilement accessible, elle est pollinisée pas des abeilles, plus des ‘mouches’ et des papillons.

Berberis microphylla

Une expérience. Une étamine est faite d’une petite tige, le filet, et d’une anthère qui contient le pollen. Si on touche le filet avec une épingle, l’étamine bondit vers le centre de la fleur. Après quelques minutes, elle reprend sa position initiale, contre le pétale, le système se réarme. C’est la sensibilité tactile des étamines, qu’on trouve chez toutes les berbéridacées. Conséquence : dès qu’un butineur touche le filet d’une étamine avec une patte, l’étamine bascule contre lui en l’enduisant de pollen et provoquant son envol, ce qui facilite la pollinisation croisée.

Après fécondation, les fleurs sont suivies de petites baies qui prennent une teinte rouge ou bleue à l’automne. Une fois mûres, elles sont parfois comestibles, parfois moyennement toxiques selon l’espèce. En hiver les oiseaux s’en régalent.

Les inflorescences sont très variables, souvent les fleurs sont disposées en ombelles, grappes ou panicules.

1) Berbéris

Berbéris du Chili et d’Argentine

Leur feuillage est persistant. Les feuilles sont coriaces, épaisses, rigides, d’un vert foncé brillant. Au printemps, ils affichent une floraison spectaculaire, jaune teinté d’orange ou de rouge, parfois remontante à l’automne. Le contraste entre les teintes chaudes des fleurs et le vert foncé du feuillage est superbe. Les baies, de la taille d’un petit pois, sont bleues à noires, couvertes de pruine, et se terminent par un style persistant, vestige de la fleur.

Autrefois, les baies au goût acide, riches en antioxydants, nourrissaient les Mapuches, peuple autochtone des Andes. Aujourd’hui, plusieurs espèces de berbéris sont cultivées au Chili pour leurs baies, consommées en confitures, gelées, tartes ou boissons.

Ces arbustes sont adaptés à un climat aride et un fort ensoleillement. Une fois établis, les arrosages peuvent cesser ou être occasionnels, en profondeur. Ils se contentent d’un sol ordinaire mais bien drainé et supportent le calcaire. Les planter en plein soleil, sinon leur floraison est moins abondante. Ils sont rustiques, au-delà de – 15°. Une légère taille peut intervenir juste après la floraison. Ils peuvent être plantés isolés ou en haie défensive épineuse.

Berberis darwinii, une épine-vinette découverte par Charles Darwin en 1835, lors de son fameux voyage sur le Beagle. Hauteur 2 à 3 m. Arbuste très ramifié au feuillage dense. Feuilles semblables à des feuilles de houx mais courtes, moins de 3 cm de long, bordées de petites dents épineuses. À la base de chaque bouquet de feuilles, une épine à plusieurs pointes ne dépassant pas 10 mm de long, plus une grappe de fleurs jaune – orange. Les cultivars nommés B. darwinii ‘Nana’ (naine en latin) ou ‘Compacta’ sont en fait des hybrides Berberis x stenophylla, voir plus bas.

Berberis linearifolia synonyme B. trigona. Hauteur jusqu’à 3 m. Arbuste peu ramifié, au port dressé. Les feuilles sont vert sombre, étroites, linéaires (d’où son nom), et se terminent par une courte dent épineuse. Chaque bouquet de feuilles est accompagné d’une épine à 3 pointes qui peuvent atteindre 18 mm de long, plus une grappe de 2 à 6 fleurs richement colorées, dans une gamme abricot, orange, rouge. Un cultivar, ‘Orange King’.

Berberis × lologensis = B. x bidentata, un hybride issu de B. darwinii et B. linearifolia, trouvé en 1927. Épines courtes, moins de 7 mm. Son feuillage ressemble à celui de B. darwinii, mais sa fleur, plus grande que celle de B. darwinii, a hérité des beaux coloris de celle de B. linearifolia. Hauteur 2 à 3 m. Deux cultivars, ‘Apricot Queen’ et ‘Mystery Fire’.

Berberis x stenophylla, un hybride issu de B. darwinii et B. empetrifolia, créé vers 1860. Hauteur 2 à 3 m, diamètre 4 m. Port buissonnant, dense, un entrelac impénétrable de tiges fines, souples, aux extrémités arquées. Épines courtes, moins de 5 mm. Feuilles linéaires courtes (25 mm), fleurs jaune-orange en mai – juin. On peut le conduire en haie. Il est à l’origine de plusieurs cultivars, de ports et de hauteurs différents, dont ‘Corallina Compacta’ (hauteur 80 cm).

Berbéris d’Asie

Il s’agit principalement des berbéris candidula, gagnepainii, julianae, koreana, thunbergii, verruculosa et leurs nombreux hybrides, des arbustes robustes, sans maladies, rustiques. Leur feuillage est persistant (sauf B. koreana), souvent rouge à l’automne. Leurs tiges arquées, ramifiées, au feuillage dense, forment une masse impénétrable. Mais, comparés aux berbéris d’Amérique du Sud, leurs épines sont bien plus longues, et les coloris de leurs petites fleurs sont assez ternes.

2) Mahonias

En France, les mahonias asiatiques fleurissent principalement en décembre – janvier – février, alors que les mahonias nord-américains le font en fin d’hiver – début de printemps (février – mars), à une période favorable aux butineurs précoces, c’est pourquoi on mettra en valeur ces derniers.

Leur feuillage est persistant Les fleurs jaune vif, souvent parfumées, riches en nectar, sont réunies en grappes ou en panicules au sommet des tiges.

Mahonias d’Amérique du Nord

Mahonia aquifolium, Mahonia à feuilles de Houx, Vigne de l’Oregon. Natif de la Côte Ouest (Oregon, Colombie-britannique), cet arbuste persistant, peu ramifié, robuste et presque partout adaptable, peut dépasser une hauteur de 1,5 m. Il s’étend lentement par des rhizomes. La feuille est pennée, comprenant 5 à 9 folioles à dents épineuses. Elle est coriace, lustrée, vert sombre. En automne, le feuillage vire au rouge violacé et les baies noires se couvrent d’une pruine bleue, d’où un bel effet décoratif. Une version basse (80 cm), ‘Apollo’.

Les Mahonia x wagneri sont des hybrides florifères entre un M. aquifolium et un M. pinnata, une espèce de Californie. Hauteur de 1,5 à 2 m. Plusieurs cultivars, ‘Pinnacle’, ‘Fireflame’, ‘Undulata’.

Les mahonias nord – américains aiment la mi-ombre, un sol humide et acide, mais, une fois établis, ils tolèrent une exposition ensoleillée, un sol sec ou calcaire. Leur rusticité est élevée, au-delà de – 20°.

Mahonias asiatiques

Il s’agit principalement des chinois Mahonia bealei, M. eurybracteata = M. confusa, M. nitens, M. lomariifolia = M. oiwakensis, du japonais M. japonica et des hybrides M. x media, issus de croisements entre un M. japonica et un M. lomariifolia.

Les mahonias asiatiques sont généralement plus hauts que ceux d’Amérique du Nord. Ce sont de spectaculaires plantes de sous-bois qui aiment la mi-ombre, un sol humide et acide. Ils supportent mal une exposition brûlante en région chaude, qui abîme leurs feuilles. Ne pas laisser sécher le sol en été, quelques arrosages sont les bienvenus. Ils sont pour la plupart assez rustiques, au moins jusqu’à – 12°.