Famille des menthes (Lamiacées), genre Phlomis et Phlomoides
Il existe plus d’une centaine d’espèces de phlomis, natives des rives de la Méditerranée à l’Asie Centrale. Certaines sont présentes dans le sud de la France, comme les phlomis fruticosa, purpurea, lychnitis et herba-venti. On les appelle parfois sauges de Jerusalem, bien qu’ils ne soient pas des sauges.
Leur hauteur va de 30 cm à 2 m ou plus pour les grands phlomis arbustifs Ph. fruticosa et Ph. longifolia. Le port est très variable, dressé, en boule ou tapissant. Les feuilles sont simples (non découpées), opposées.
Des pépiniéristes en proposent environ 30 espèces, plus des hybrides.
Fleur et butineurs
Du printemps au début de l’été, les fleurs forment des couronnes disposées le long des tiges florales. Le nombre de couronnes par tige et le nombre de fleurs par couronne aident à les distinguer. Les fleurs s’épanouissent du centre vers le bord de la couronne.
La fleur, légèrement parfumée, est celle des Lamiacées, bilabiée avec deux paires d’étamines. Une fois fanée, la corolle tombe, révélant un calice en alvéole à 5 côtés.
Cette fleur a une particularité : la lèvre supérieure vient en appui sur l’inférieure, fermant l’accès au tube. Pour atteindre le nectar, une abeille doit glisser sa tête entre les 2 lèvres, et les écarter avec force. Seules les xylocopes, bourdons ou d’autres, moins fortes mais adroites et hardies comme Anthidium manicatum, réussissent cette gymnastique.
Chez les phlomis méditerranéens, la corolle, jaune, rose ou mauve, est longue, jusqu’à 4 cm. La lèvre supérieure est latéralement comprimée, comme pincée, et ses bords sont lisses, sans pilosité. Sur la lèvre inférieure, les deux lobes latéraux sont nettement plus petits que le lobe central.
Culture
Le phlomis met un ou deux ans à bien s’installer. On peut le planter en plein soleil ou sous une ombre légère, dans un sol léger, sableux ou caillouteux, bien drainé, ameubli en profondeur. N’ajouter ni engrais ni terreau, sauf si le sol est très pauvre. Il supporte le calcaire. L’arroser régulièrement la première année, et occasionnellement la deuxième. Une fois établi, il supporte bien la sécheresse.
La rusticité des phlomis méditerranéens est en général assez bonne, de – 10° à – 12°, mais peut aller de de – 12° à – 15° pour les plus endurants. Lors d’une nuit à – 8°, le bout des tiges peut geler, sans gravité. Attendre la fin de l’hiver pour diviser la souche.
Certains phlomis ont les qualités requises pour former de bons couvre-sols : plutôt bas, avec un feuillage dense, se propageant autour d’eux Il s’agit entre autres de Phlomis chrysophylla, Ph. lanata, Ph. lychnitis, Ph. purpurea, Ph. russeliana, plus Ph. ‘Edward Bowles’, Ph. ‘Le Chat’ et Ph. ‘Marina’.
Phlomis méditerranéens
Ce sont des arbrisseaux ou des arbustes aux tiges ligneuses, au feuillage persistant. Mais il existe des exceptions dans ce groupe : plusieurs espèces, comme Ph. russeliana, sont des herbacées vivaces.
La feuille, lancéolée à elliptique, est souvent coriace et tomenteuse (couverte de poils fins), parfois crénelée ou dentelée. Elle peut prendre, en été, une teinte argentée (Ph. italica) ou dorée (Ph. chrysophylla, Ph. lycia).
À fleurs jaunes
En voisi quelques-uns, qui illustrent bien la diversité du port et du feuillage.
Ph. fruticosa. On le trouve de l’Italie au Caucase. Arbrisseau vigoureux, haut de 1 à 1,5 m, au port étalé, pouvant atteindre un diamètre de 1,5 à 2 m. Superbe mais encombrant dans un petit jardin. Feuilles légèrement pubescentes, vert argenté, gaufrées. Une à deux couronnes de fleurs par tige, chacune de 14 à 36 fleurs. Corolle jaune vif de 25 à 35 mm de long.
Une curiosité botanique : sur la dernière couronne en haut d’une tige, la fleur placée dans l’axe de la tige est pélorique : ayant perdu la forme bilabiée, elle a retrouvé une symétrie centrale et présente une corolle à 4 pétales régulièrement disposés en étoile.
Ph. russeliana (Turquie). Vivace haute de 1 m. A sa base, une rosette persistante de grandes feuilles cordiformes d’un vert franc. Deux à cinq couronnes par tige, chacune de 12 à 20 fleurs. Corolle bicolore de 30 à 35 mm de long, la lèvre supérieure est jaune pâle, l’inférieure jaune vif. Supporte la mi-ombre. Très rustique. Le phlomis le plus cultivé dans les jardins, après Ph. fruticosa.
Phlomis lanata ou phlomis laineux, un arbrisseau natif de Crète, souvent confondu avec Ph. cretica. Arbrisseau à croissance lente, bien ramifié, formant une boule étalée de 60 cm de haut et 1,2 m de diamètre avec le temps. Petites feuilles presque rondes, pubescentes, vert argenté, gaufrées.
À fleurs roses ou mauves
Ph. purpurea (Espagne, Portugal, Maghreb). Arbrisseau au port dressé, haut et large de 1,2 m, qui se propage lentement par des drageons (rejets issus des racines). Feuilles vert argenté, gaufrées. Il peut perdre ses feuilles en été, en cas de forte sécheresse. Ph. caballeroi = Phlomis purpurea subsp. caballeroi est une sous-espèce de Ph. purpurea, plus compacte.
Liste de phlomis méditerranéens arbustifs :
- À fleur jaune : bourgaei, chimerae, chrysophylla, cretica, cypria, fruticosa, grandiflora, lanata, leucophracta, longifolia, lunariifolia, lycia, monocephala ; plus les hybrides : ‘Edward Bowles’, ‘Escamps’, ‘Le Chat’, ‘Le Sud’.
- À fleur roses ou mauve : italica, purpurea ; hybride : ‘Marina’.
Liste de phlomis méditerranéens herbacés :
- À fleur jaune : armeniaca, capitata, lychnitis, nissolii, russeliana.
- À fleur rose ou mauve : anisodonta, bovei ssp. marocanna, herba-venti, samia.
Autres phlomis
Phlomis tuberosa = Phlomoides tuberosa, le phlomis tubéreux, présent de l’Europe Centrale à la Chine. Une vivace pouvant atteindre une hauteur de 1,5 m, très rustique ( au-delà de – 20°), dotée de fortes racines portant des tubercules comestibles, d’où son nom.
Cette plante robuste met plusieurs années à atteindre son plein développement. À la base, une touffe de longues feuilles triangulaires cordées (en forme de cœur), membraneuses (de fine épaisseur), peu poilues, d’un vert franc, aux marges dentées. De la touffe basale se dressent de nombreuses hampes florales, chacune portant plusieurs couronnes de fleurs.
La corolle est courte, de 15 à 20 mm de long, rose violacé. La lèvre supérieure n’est pas pincée et ses bords sont densément barbus. Sur la lèvre inférieure, les 2 lobes latéraux sont presque aussi grands que le central.
Ph. cashmeriana (Cachemire, Pakistan, Afghanistan). Vivace himalayenne très rustique, caduque qui forme une touffe dense haute de 80 cm. Elle a des points communs avec Ph. tuberosa, dont le feuillage et la fleur.