Famille des Éricacées, genres Erica, Calluna et Daboecia
Les bruyères sont des arbrisseaux ou des arbustes au feuillage persistant. Leur hauteur va de 10 cm pour les tapissantes à 7 m pour les arborescentes. Elles sont fréquentes dans les landes atlantiques, la garrigue et le maquis méditerranéen.
Parmi les bruyères, le genre Erica est de loin le plus important, avec environ 860 espèces dont 90 % sont natives d’Afrique du Sud et peu rustiques. Nous ne parlerons ici que de celles d’Europe et du pourtour méditerranéen.
Le genre Calluna (les callunes) ne compte qu’une seule espèce, Calluna vulgaris. Le genre Daboecia (les daboécies) ne compte que 2 espèces, dont la seule cultivée est Daboecia cantabrica, bruyère de Saint-Daboec.
1) Comment les reconnaître?
A première vue, les éricas, callunes et daboécies ont beaucoup de points communs. Leurs feuilles sont minuscules, persistantes. Leur corolle à symétrie radiale est rose, mauve, rouge cramoisi ou blanche à l’état sauvage, plus toutes les teintes des cultivars. Elle abrite 8 étamines et l’ovaire prolongé par un style souvent saillant. Des glandes situées à la base de l’ovaire secrètent un nectar abondant. Pour les distinguer :
Les éricas ont des feuilles linéaires, en forme d’aiguilles (longues de moins de 15 mm), disposées en verticilles. La corolle est urcéolée : renflée au milieu et et rétrécie vers l’orifice, comme un grelot. Quatre pétales s’unissent pour donner une forme ovoïde à globuleuse, longue de 5 mm environ, suivie de 4 petits lobes pointus. Le calice est fait de 4 sépales verts, bien plus courts que les pétales.
Les feuilles de la callune sont de courtes écailles imbriquées sur 4 rangs, d’une longueur de 2 à 3 mm, disposées par paires opposées et décussées (décalées d’un quart de tour). La fleur de callune présente un calice à 4 sépales libres, qui englobe une petite corolle à 4 pétales libres. Le calice a la même couleur que la corolle, et c’est surtout lui qui attire les butineurs.
La bruyère de Saint-Daboec a des feuilles alternes, lancéolées, courtes (moins de 15 mm), vert foncé lustré sur le dessus et laineux argenté en dessous. Quatre pétales s’unissent pour former une grande corolle globuleuse rose violacé, longue de 10 mm environ.
2) Pollinisation
Les clochettes sont riches en nectar et pollen, principalement pollinisées par les abeilles (solitaires, à miel, bourdons). En particulier :
Les bruyères d’hiver soutiennent les solitaires précoces qui prennent leurs premiers envols en février, comme l’osmie cornue Osmia cornuta, ou les futures reines de bourdon qui sortent des abris où elles ont hiverné.
Celles d’été et d’automne satisfont des solitaires comme l’andrène des bruyères Andrena fuscipes ou la collète des bruyères Colletes succinctus, fréquentes dans les landes et les dunes.
3) Culture
La plupart des sols de jardin sont trop riches pour la bruyère : elle croît trop vite et trop haut, prenant une allure dégingandée, très différente de la boule dense, compacte et robuste qu’on voit à l’état sauvage.
La bruyère apprécie un sol pauvre, bien drainé, plutôt acide. Un terreau ‘Terre de bruyère’ peut convenir. Tout apport d’engrais est inutile et nuit à sa longévité.
Dans un sol insuffisamment acide, avec un pH supérieur à 6,5, le fer est insoluble, ce qui entraîne chez la bruyère une carence en fer, provoquant le jaunissement puis la mort. Avant de planter, et en cas de doute, on peut mesurer le pH du sol avec un kit d’analyse chimique disponible en jardinerie. Une sonde pH est moins précise.
Planter à l’automne pour profiter des pluies. Ses besoins en eau sont faibles, et une fois établie, les arrosages peuvent cesser, sauf en cas de forte sécheresse. Eviter le sur-arrosage. Une exception : E. tetralix pousse à l’état sauvage dans des zones marécageuses, mais elle n’est pas ou peu cultivée.
La bruyère est très rustique, sauf quelques espèces méditerranéennes. En hiver, elle sera d’autant plus résistante au froid si elle est abritée du vent, protégée par un épais paillage, exposée au soleil et plantée dans un sol drainé.
Une taille annuelle est indispensable pour qu’elle garde son aspect de boule touffue. Ne jamais marcher sur les branches, fines et cassantes.
- Pour une bruyère d’hiver ou de printemps, tailler aussitôt la floraison achevée, donc en fin de printemps.
- Pour une bruyère d’été ou d’automne, éviter de tailler à l’automne car le froid pourrait endommager les tiges au niveau des coupes, attendre le début du printemps.
Avec l’âge, la bruyère a tendance à se creuser, à se dégarnir de l’intérieur. C’est irrattrapable et il vaut mieux la remplacer. On peut la multiplier par bouturage ou marcottage.