Astéracées

Syrphe sur une marguerite

Les Astéracées ou famille des marguerites forment une mega-famille de plantes : il en existe plus de 20 00 espèces sur la planète, et environ 1200 dans la flore française..

Les astéracées sont bien connues dans les jardins, avec des dizaines de genres, comme les achillées, anthémis, armoises, artichauts, asters, buphtalmes, chardons, centaurées, chrysanthèmes, chicorées, cirses, coréopsis, échinacées, échinops, érigerons, eupatoires, gaillardes, hélénies, leucanthèmes, rudbeckias, séneçons, tournesols … Elles sont d’une étonnante diversité, mais avec un point commun : leur inflorescence typique, le capitule.

Le capitule radié du tournesol

Combien voit-on de fleurs sur cette image ? Une seule, c’est la réponse classique, mais fausse !

Chez la plupart des astéracées, des fleurs minuscules, les fleurons, longs de quelques mm, sont groupées en inflorescences appelées capitules. Sur cette image, des centaines fleurons fixés sur un support, le réceptacle, forment un capitule qui imite parfaitement une seule fleur géante, dans le but d’attirer les butineurs.

Le disque central est entouré de languettes colorées, les ligules, qui imitent les pétales d’une vraie fleur. Contrairement aux pétales en nombre fixe, le nombre de ligules varie d’une fleur à l’autre.

On voit plusieurs zones sur le disque, une centrale un peu verte suivie de deux couronnes. On verra plus loin comment les expliquer.

Bilan. Les seules vraies fleurs sont les minuscules fleurons. Un capitule est une inflorescence, une collection de fleurs. Il n’est pas entouré de pétales mais de ligules.

Capitule de tournesol, couronnes de fleurons

Les deux types de fleurons

Reprenons l’exemple du capitule radié du tournesol. La corolle de chaque fleuron est formée de 5 pétales joints à leur base et prolongés par cinq lobes. Comme chez les campanules, l’ovaire est infère : les pièces florales sont insérées au-dessus de lui. Le nectar est secrété au sommet de l’ovaire, à la base du style.

Il existe deux types de fleurons, le tubulé et le ligulé :

Le fleuron du disque ou fleuron tubulé (en forme de tube), situé partout sur le disque, bord exclu. Sa petite corolle régulière abrite 5 étamines et le style. Les étamines ont des anthères conniventes : accolées sans être soudées, formant un manchon autour du style.

Le fleuron ligulé, situé au bord du disque. Trois lobes de la corolle se joignent pour former une longue ligule. La corolle n’abrite que le style, car les étamines y sont absentes : le fleuron ligulé est unisexué femelle, en général stérile, et n’intervient pas dans la pollinisation.

Couronnes et phases

Sur un capitule de tournesol, on voit une zone centrale un peu verte, suivie deux couronnes concentriques. Explications :

L’éclosion des fleurons se propage du bord vers le centre. Les plus avancés sont au bord. Une fois éclos, chacun connaît deux phases successives, mâle puis femelle.

Au centre du disque, des fleurons verdâtres attendent leur éclosion. Ensuite une 1ère couronne de fleurons juste éclos en phase mâle, reconnaissables par l’amas jaune de pollen au sommet de la petite corolle. Comme chez les campanules, on retrouve la présentation du pollen sur le style.

Au-delà une 2ième couronne de fleurons plus mûrs en phase femelle. Les styles ont mûri : ils se sont allongés et fendus en des stigmates fourchus, réceptifs aux grains de pollen.

Sur l’image, on voit l’abeille collecter pollen et nectar sur les fleurons en phase mâle ou en début de phase femelle, et polliniser.

Collecte du pollen sur les fleurons en phase mâle

Après pollinisation, l’ovaire du fleuron tubulé donne un akène (fruit sec), et le calice se transforme en aigrette poilue ou plumeuse, le pappus, qui aide à la dispersion par le vent comme chez le pissenlit.

Les butineurs

Les astéracées sont principalement pollinisées par des abeilles et des syrphes.

Par temps chaud, on voit virevolter joyeusement au-dessus des fleurons des nuées de mini-abeilles à courte langue.

Parmi elles, l’hériade des troncs Heriades truncorum est noire, peu velue, à fines rayures blanches sur l’abdomen, longue de 6 à 8 mm. Elle butine de juin à septembre les disques jaunes des ‘marguerites’ (leucanthemum, anthemis, héléniums, …).

La femelle niche dans des tiges creuses ou des galeries dans le bois. On la qualifie d’abeille résinière car elle obture l’entrée du nid avec de la résine de conifère qu’elle couvre de petits cailloux.

Quand elle butine les fleurons, elle les tapote avec son abdomen, et sa brosse ventrale capture les grains de pollen.

Hériade des troncs

Autres types de capitule

Il existe une grande diversité de capitules, chacun ayant sa propre gamme de pollinisateurs. On a vu le capitule radié du tournesol, qui présente des fleurons du disque et, au bord, des fleurons ligulés. Voici d’autres cas :

  • Cas où tous les fleurons sont ligulés : pissenlit, chicorée, …La ligule se termine souvent par 3 ou 5 dents. Images 1 et 2.
  • Cas où tous les fleurons sont tubulés, donc sans ligule : certaines tanaisies, les centaurées, … Images 3 et 4.

Sur l’image 4 est bien visible l’involucre vert du capitule : il s’agit d’un ensemble de bractées (de petites feuilles à peine modifiées) disposées sur plusieurs rangs, qui emballent et protègent les fleurons avant leur éclosion.

Fleur double

À partir de capitules radiés, la création horticole produit massivement des fleurs doubles. Pour cela, elle exploite une mutation qui transforme les fleurons tubulés en fleurons ligulés. La dénaturation des fleurs est lucrative, l’hériade des troncs peut déguerpir !