Boraginacées 1

Bourdon sur Lithodora diffusa

Famille des Boraginacées, genres Echium, Myosotis, Anchusa, Lithodora.

Les vipérines, myosotis, buglosses et grémils sont des plantes herbacées, vivaces ou bisannuelles, ou des sous-arbrisseaux, présentes sur une grande partie du globe sauf les grémils, exclusivement méditerranéens.

Leurs tiges sont hérissées de poils courts et raides qui leur donnent un toucher piquant. Les feuilles sont simples (non divisées), rugueuses, épaisses, alternes. La plupart des boraginacées contiennent dans leurs tiges, feuilles ou graines des alcaloïdes toxiques pour le foie. Mieux vaut les exclure d’une alimentation régulière.

La 1ère année, les bisannuelles forment rosette de longues feuilles lancéolées persistantes, la 2iè année elles projettent des tiges florales ramifiées.

Les myosotis préfèrent un sol riche en humus et frais (assez humide), mais les buglosses, grémils et vipérines sont des plantes de jardin méditerranéen.

La fleur

L’inflorescence est enroulée en queue de scorpion (cyme scorpioïde). Sauf chez les vipérines, la corolle est étoilée. Cinq pétales se sont joints à leur base pour former un tube, prolongé par cinq lobes colorés.

La corolle abrite 5 étamines, l’ovaire et le style. Le nectar est secrété en abondance au fond du tube, autour de l’ovaire.

Chez les myosotis, buglosses et vipérines, le tube est court et le nectar facilement accessible aux abeilles, bourdons et syrphes. Chez les grémils, le tube est plus profond et le nectar réservé aux abeilles et bourdons à longue langue.

Chez les Boraginacées, les fleurs changent parfois de couleur : rouges ou roses à l’éclosion, elles virent au bleu ensuite. C’est le résultat d’une réaction chimique sur des pigments, les anthocyanes. Ces changements de couleur aident les butineurs à déceler les fleurs âgées, à éviter car moins riches en nectar et pollen, d’où un gain de temps. C’est aussi positif pour l’espèce végétale, car moins ils passent de temps sur chaque pied, plus ils en visitent, plus ils dispersent le pollen, plus ils font de la pollinisation croisée.

1) Vipérines, genre Echium

Echium vulgare, la vipérine commune est une plante rustique, bisannuelle ou vivace de courte vie si les conditions sont bonnes, qui se ressème facilement. Hauteur 60 à 80 cm. À sa base, une rosette de longues feuilles lancéolées, d’où se dressent des hampes florales. Couverte de poils raides, elle fleurit en juin, et le bleu de ses fleurs tranche bien avec son feuillage vert foncé. Peu exigeante, elle prospère en plein soleil, dans un sol même pauvre et caillouteux, où elle développe de fortes et profondes racines.

En ôtant le calice, on voit que la corolle est en entonnoir, à symétrie bilatérale, formée d’un court tube blanc, qui s’expanse en une bouche colorée, largement ouverte, munie de deux lèvres, la supérieure à 2 lobes, l’inférieure à 3 lobes. La corole jeune est rose, puis vire au bleu.

Les 5 étamines et le style font saillie. Le stigmate bifide fait penser à une langue de vipère, d’où son nom courant. Son nectar, très accessible, attire nombre d’abeilles, et des papillons.

Une abeille spécialiste, l’osmie crochue Hoplitis adunca, butine exclusivement la vipérine commune.

Echium russicum, la vipérine de Russie (Europe centrale, Turquie, Russie). Espèce proche de E. vulgare, mais à fleurs d’un rouge foncé qui rappelle le rubis ou le vin de Bourgogne.

Echium amoenum, vipérine d’Iran (Caucase, Iran), est une version moins haute d’E. russicum, 30 à 40 cm.

Echium vulgare

Il existe aussi de hautes vipérines arbustives, natives des Canaries ou de Madère, gélives (ne supportant pas le gel), à cultiver en pleine terre sous climat doux, sinon en conteneur. Les plus connues sont E. candicans et E. pininana.

2) Myosotis (genre Myosotis)

Les myosotis sont des vivaces d’ancienne tradition, un peu démodées. Leur petite fleur (moins d’un cm de diamètre) avait une forte valeur symbolique lors de le 1ère guerre mondiale : les combattants de chaque camp exprimaient leur amour et fidélité à leur compagne en glissant un brin de myosotis dans leur correspondance. Les surnoms du myosotis étaient Ne m’oublie pas, Forget me not ou Vergiss mein nicht.

Les plus connus sont Myosotis alpestris, le myosotis des Alpes, M. scorpioides = M. palustris, le myosotis des marais et M. sylvatica, le myosotis des bois. On les trouve plutôt en graines. Leur hauteur est autour de 20 à 30 cm (parfois 60 cm pour M. scorpioides), Leurs feuilles sont persistantes, lancéolées.

La floraison est abondante au printemps, dès mars. La corolle, bleu ciel ou rose, est étoilée. Les 5 lobes sont perpendiculaires au tube.

À sa jonction avec le tube, chaque lobe porte une écaille, et les 5 écailles dessinent une couronne autour de la gorge et des anthères.

Le tube est très court, donc le nectar est facilement accessible et la fleur attire abeilles, ‘mouches’ et papillons.

Les couleurs de la corolle évoluent avec la maturité. Fleur jeune : corolle rose, couronne jaune. Fleur adulte : fort contraste entre la corolle bleue et la couronne jaune-orange, un signal visuel pour les butineurs. Fleur âgée : corolle bleue, couronne blanche.

Myosotis sylvatica

3) Buglosses (genre Anchusa)

Les buglosses ou anchuses sont des bisannuelles ou vivaces de courte vie au style champêtre, prisées pour le bleu intense de leurs fleurs. Elles aiment le plein soleil, ont des faibles besoins en eau, et se contentent d’un sol pauvre, même calcaire.

Anchusa azurea, la buglosse azurée. D’une hauteur de 80 cm à l’état sauvage, elle peut dépasser 1,5 m en sol fertile, avec des tuteurs.

Floraison de mai à juillet. La fleur ressemble à celle du myosotis, mais dans un bleu plus soutenu, un plus grand diamètre (15 mm) et des écailles velues. Les butineurs sont les mêmes.

Il est conseillé de la rabattre après floraison pour stimuler la formation d’une nouvelle touffe.

Anchusa officinalis, la buglosse officinale, est une espèce proche d’A. azurea. La fleur est plus petite, d’un bleu profond, et les lobes sont moins profondément divisés.

On trouve les deux en graines. Il existe des cultivars d’A. azurea, moins vigoureux, plus compacts, avec des fleurs d’un bleu violacé : ‘Loddon Royalist’ et ‘Dropmore’.

Anchusa azurea

4) Grémils (genres Lithodora, Buglossoides)

Les grémils sont des sous-arbrisseaux nains, à croissance lente, très rustiques, d’une hauteur de 20 à 50 cm, pouvant atteindre 1 m de diamètre, de bons couvre-sols. Leur port étalé, dense, très ramifié, en fait de bons couvre-sols, d’autant plus que leurs petites feuilles, velues, elliptiques à lancéolées, sont persistantes. À l’état sauvage, ils poussent dans la rocaille méditerranéenne sur sol pauvre, au soleil, avec de faibles besoins en eau.

Ils tolèrent le calcaire avec une exception notable : Lithodora diffusa, natif des Monts du Leon et Monts Cantabriques (Espagne), où il pousse en sous-bois de hêtres et châtaigniers, sur sol acide, à cultiver comme une bruyère, sinon il jaunit (chlorose).

Leur floraison est printanière, abondante. La gorge est couverte de touffes de poils. Vu la profondeur du tube, de 10 à 15 mm, le nectar est réservé aux butineurs à longue langue, bourdon des jardins, bourdon roux, anthophore à pattes plumeuses, bombyle, sphinx colibris.

Lithodora diffusa, le grémil diffus, haut de 20 cm, très rustique, aux fleurs bleu azur, est le plus connu, vendu sous différents cultivars.

Des pépinières spécialisées proposent aussi L. fruticosa, L. hispidula, L. oleifolia et L. zahnii, qui supportent un sol calcaire

Dans un genre proche, Buglossoides purpurocaerulea, le grémil pourpre bleu, est une vivace couvre-sol à feuillage semi-persistant.

Lithodora diffusa