Boraginacées 2

Bourdon terrestre sur consoude, inflorescence en queue de scorpion

Famille des Boraginacées, genres Borago, Symphytum, Pulmonaria

Les bourraches, consoudes et pulmonaires n’ont pas les qualités décoratives des précédentes, mais elles ont d’autres arguments à faire valoir.

Bourrache (genre Borago)

Borago officinalis, la bourrache officinale, est une annuelle, d’une hauteur de 50 cm environ. Elle est souvent présentée comme « comestible », mais ses feuilles contiennent des alcaloïdes toxiques. On la cultive à grande échelle pour ses graines, dont on extrait de l’huile de bourrache. Son genre, Borago, a donné le nom de la famille, les Boraginacées.

À part ses jolies fleurs, son intérêt ornemental est limité, mais sa floraison est exceptionnellement abondante et longue, d’avril à octobre, très amie des abeilles. La bourrache se ressème rapidement, pouvant donner 2 ou 3 générations par an, un peu envahissante !

Les fleurs sont inclinées, « tombantes », groupées en inflorescences poilues. La corolle, rose puis bleue, est formée d’un très court tube suivi de cinq lobes étalés. À sa jonction avec le canal, chaque lobe porte une écaille blanche, et les 5 écailles dessinent une 1ère couronne autour de la gorge.

Les longues anthères noires font saillie au centre, formant un cône. Le filet de chaque étamine porte un appendice dorsal, une sorte d’excroissance blanche avec une pointe violette, voir image. Ces appendices forment une 2iè couronne, qui enserre les anthères et les protège de l’appétit des abeilles. À maturité, le style émerge au centre du cône.

Le cône central formé par les anthères est typique des fleurs où le pollen est récolté par vibrations (Voir Abeilles sociales). On retrouve cette disposition chez les plants de tomate ou chez la Gyroselle de Virginie. En buzzant, les bourdons ou anthophores, suspendus aux fleurs, sont saupoudrés de pollen. Les abeilles à miel n’en sont pas capables et se contentent du nectar.

Borago officinalis

Consoudes (genre Symphytum)

Les consoudes sont des vivaces vigoureuses, pouvant dépasser 1 m de haut, qui forment des colonies dans les lieux humides (berges, fossés), à cultiver dans un sol frais et profond, dans la partie naturaliste du jardin. Leurs fortes racines, ramifiées et profondes, puisent des sels minéraux comme la potasse, qu’elles stockent dans leur biomasse, feuilles et tiges. Les feuilles, ovales à lancéolées, peuvent activer le compost, pailler le sol, être enfouies comme engrais vert ou faire du purin. Un bémol, elles sont envahissantes et très difficiles à éradiquer une fois installées, car capables de ‘repartir’ de tout morceau de racine oublié dans le sol.

Les espèces les plus connues sont Symphytum officinale, la consoude officinale, S. azureum = S. caucasicum, S. grandiflorum, S. rubrum. Les hybrides S. x uplandicum, issus de croisements entre S. officinale et S. asperum, sont cultivés pour leurs feuilles.

La corolle de S. officinale est jaune pâle ou violette (bleue chez S. azureum, rouge chez S. rubrum). Elle a la forme d’un tube long de 14 mm, blanc et étroit dans sa partie basse, évasé et colorié au-delà. Chez les consoudes et pulmonaires, les 5 lobes coloriés restent soudés.

À l’intérieur du tube, à mi-hauteur, cinq écailles triangulaires recouvrent les anthères et les protègent. Les bourdons passent outre et récoltent le pollen par vibrations.

Le nectar est secrété au fond du tube, à la base de l’ovaire. Vu la profondeur de la corolle, il est réservé aux butineurs à longue langue. Des bourdons volent le nectar.

Vol de nectar sur consoude

Pulmonaires (genre Pulmonaria)

Ce sont des vivaces de sous-bois feuillu, qui fleurissent dès le mois de février, profitant des premiers rayons de soleil avant que les arbres ne fassent leurs feuilles. Elles apprécient un sol fertile, frais à humide. Au jardin, en région chaude, les planter mi-ombre. Ailleurs, on peut les planter au soleil, à condition que le sol reste humide, sinon le feuillage se dessèche. Arroser régulièrement en été.

Pulmonaria angustifolia, P. longifolia, P. officinalis, P. rubra et P. saccharata ont même allure générale, une rosette de longues feuilles ovales à lancéolées, d’une hauteur entre 20 à 50 cm. Leur feuillage, souvent semi-persistant, est parfois orné de taches vert clair dues à des poches d’air dans l’épaisseur de la feuille.

Les fleurs, rouges à l’éclosion, virent au bleu après quelques jours, sauf chez P. rubra où elles restent rouges. Ce changement de couleur est perturbé ou perdu chez certains cultivars.

La corolle est tubulaire, analogue à celle de la consoude officinale, mais ici les écailles sont remplacées par cinq touffes de poils.

La floraison précoce soutient les premiers butineurs : des reines de bourdons qui émergent de la pause hivernale et l’anthophore à pattes plumeuses.

Chez les pulmonaires, il existe deux types de plants, ceux dont les fleurs ont un style long et des étamines courtes, les autres dont les fleurs ont un style court et des étamines longues. Voir le complément pour plus de détails.

Anthophora plumipes sur pulmonaire
Complément, la distylie

Darwin, en 1877, fut le premier à deviner que cette double disposition (la distylie) favorise la pollinisation croisée. Pour voir comment elle fonctionne, on note L (comme long) un plant dont les fleurs ont un style long et étamines courtes, et C (comme court) un plant dont les fleurs ont un style court et étamines longues.

Observons une anthophore à pattes plumeuses une habituée des pulmonaires. Sa longue langue (13 mm) lui permet d’atteindre le fond du tube. Supposons qu’elle butine une fleur C : les anthères y sont en position haute et déposent du pollen sur le haut de sa langue, près de la tête.

Si la fleur suivante est encore une C, par exemple une fleur du même plant : le pollen en haut de sa langue entre en contact avec les étamines en position haute, d’où absence de pollinisation

Si la fleur suivante est une L, sur un autre plant : le pollen situé sur le haut de sa langue entre en contact avec le stigmate en position haute, d’où pollinisation croisée. .