Céanothes

Famille des Rhamnacées, genre Ceanothus

Les céanothes ou lilas de Californie sont originaires d’Amérique du Nord, du Mexique au Canada. Il en existe environ 55 espèces, arbres ou arbustes, à feuillage persistant ou caduc, connues pour leur floraison belle et abondante. Ils appartiennent à la famille des Rhamnacées, représentée en France par la bourdaine Rhamnus frangula, un arbuste à fleurs discrètes mais riches en nectar.

La croissance des céanothes est rapide et ils présentent une grande diversité de formes : ceux à port rampant ou étalé peuvent servir de couvre-sols, ceux à port dressé peuvent être isolés, conduits en haie ou palissés contre un mur bien exposé. Leur hauteur va de 40 cm pour le tapissant Ceanothus prostratus, à 7 m pour l’arbre Ceanothus arboreus.

Leurs racines ont des nodosités à bactéries fixatrices d’azote, qui libèrent des composés azotés dont la plante profite ainsi que ses voisines. Cette symbiose les aide à prospérer dans des sols pauvres.

Parmi les céanothes on distingue deux groupes :

  • Les persistantes bleues de Californie à floraison printanière bleue, superbes et moyennement rustiques.
  • Celles au feuillage caduc, à floraison estivale blanche ou rose ou bleu pâle, bien rustiques.

1) Fleur et butineurs

La fleur est régulière, formée de cinq sépales libres et cinq pétales libres de la même couleur, blancs, bleus, mauves ou roses, de 5 étamines et d’un pistil. On voit surtout les sépales triangulaires, car les pétales sont étroits, en forme de cuillère, intercalés entre les sépales, peu visibles.

Dans le bourgeon, chaque pétale encapuchonne une étamine, et à l’éclosion, il s’écarte et l’étamine se redresse. Cette disposition étonnante est typique des Rhamnacées.

L’anneau sombre autour du pistil est formé de glandes qui secrètent un nectar très accessible. La minuscule fleur attire de nombreux pollinisateurs, comme les abeilles, syrphes ou papillons.

Les fleurs sont groupées en inflorescences légèrement parfumées.

Fleurs de Ceanothus megacarpus

2) Céanothes persistantes bleues de Californie

La plupart des céanothes, environ 40 espèces, viennent des zones arides du Sud-Ouest américain, en particulier de Californie, et poussent au milieu d’une broussaille dense appelée chaparral, dans un sol minéral, bien drainé, avec des étés torrides, des hivers doux, de faibles précipitations annuelles.

Leur feuillage est original, persistant, beau 12 mois sur 12, et en hiver les oiseaux y trouvent un abri. Les feuilles, opposées ou alternes, sont assez petites, ovales, souvent coriaces, luisantes, souvent vert sombre. Eviter les feuillages panachés, un contre-sens. La floraison est bleue, printanière, sur 3 à 5 semaines.

La plupart des hybrides sont anciens, historiques, souvent spontanés.

Grandes céanothes

Ceanothus arboreus. Grand arbuste ou petit arbre vigoureux d’une hauteur de 5 m, résistant aux embruns marins. Tronc court et divisé. Grandes feuilles alternes ovales à elliptiques, dentelées, persistantes. Grandes inflorescences bleues parfumées au printemps, remontée à l’automne. Sensible au sur-arrosage. Une sélection, ‘Trewithen Blue’.

C. ‘Ray Hartman’. Il peut atteindre 6 m de hauteur et 4,5 m de largeur, très résistant à la sécheresse. Il supporte mieux que d’autres un sol lourd. Beau feuillage vert profond. Superbe floraison précoce. Un hybride naturel (1954) entre C. arboreus et C. thyrsiflorus var. griseus.

C. ‘Concha’, C. ‘Dark Star’, C. ‘Julia Phelps‘ et C. ‘Puget Blue’ sont spectaculaires, parmi les plus beaux : avalanches de fleurs bleu profond, petites feuilles vert sombre, gaufrées, aux nervures profondes. C. papillosus var. roweanus est un parent commun à ces hybrides, donc ils se ressemblent. Hauteur 2 m, largeur 3 m.

C. ‘Blue Jeans’. Hauteur et largeur 2 m. Petites feuilles vert sombre à courtes dents épineuses. Parmi les plus robustes, il est un des rares à tolérer un sol calcaire. Floraison spectaculaire, la plus précoce de ce groupe. Un hybride naturel (1951) entre C. gloriosus et C. masonii.

C. ‘Skylark’ synonyme ‘Victoria’. Hauteur et largeur 2,5 m. Le plus rustique du groupe, jusqu’à – 12° ou – 15°. Port très dense, beau feuillage vert sombre et luisant. Belle floraison, la plus tardive du groupe, en mai-juin. Plus tolérant que les autres à l’ombre, à un sol humide ou lourd, mais supporte mal une exposition brûlante en région chaude. Ce serait un hybride entre C. thyrsiflorus, à fleur bleue, et C. velutinus, très rustique, à fleur blanche.

Couvre-sols

Ce sont des plantes à croissance rapide, qui s’étalent, attention aux distances de plantation. On peut intercaler par exemple des sauges arbustives pour occuper provisoirement le sol après plantation. Leur port est dense, très ramifié. Ils sont remarquables pour habiller et stabiliser les talus. Pour une belle forme, les tailler légèrement après floraison. En région chaude, éviter une exposition brûlante.

C. gloriosus var. exaltatus ‘Emily Brown’. Hauteur environ 1 m, diamètre 1,8 m. Feuilles  à dents épineuses peu piquantes, qui rappellent celles du houx.

C. thyrsiflorus var. griseus ‘Yankee Point’. Hauteur environ 1 m, diamètre 3 m. Le moins rustique de ce groupe, jusqu’à – 7°.

C. ‘Joyce Coulter’. Hauteur environ 1 m, diamètre 4 m. Robuste, il supporte un sol lourd à condition qu’il soit en pente. Floraison précoce et longue. Un hybride naturel (1956) entre C. papillosus et C. thyrsiflorus var. griseus.

C. thyrsiflorus var. repens synonyme C. repens. Hauteur environ 1 m, diamètre 3 m. Robuste, il supporte l’ombre d’un arbre, un sol lourd mais en pente.

C. prostratus. Port tapissant, hauteur 40 cm, diamètre 2 à 3 m. Petites feuilles à dents épineuses peu piquantes.

3) Culture des céanothes de Californie

Les planter dans un sol léger, bien drainé, en pente s’il est argileux, au soleil, sinon à mi-ombre légère. À l’ombre, le port manque de vigueur et les fleurs prennent une teinte délavée.

Ces céanothes persistants à floraison printanière sont très sobres en eau. Quand un plant est bien enraciné, après 1 ou 2 ans, l’arrosage doit cesser, ou être rare et abondant, mais seulement en cas de sécheresse prolongée. Laisser sécher le sol entre deux arrosages. L’arrosage excessif est la principale cause d’échec, et il est difficile d’y remédier. Il entraîne le pourrissement des racines et le jaunissement des feuilles. Proscrire l’irrigation goutte à goutte !

Inversement, les feuilles peuvent aussi jaunir par manque d’eau, ou suite à une chlorose ferrique, car la plupart des céanothes ne supportent pas un sol calcaire.

Ils sont moyennement rustiques, de – 10° à – 12°, sauf C. ‘Yankee Point’ jusqu’à – 7°. En région froide, les planter bien exposés au soleil et bien abrités du vent.

Un sujet en bonne santé peut vivre 15 ans. Il est inutile d’apporter un fertilisant.

La taille peut intervenir juste après la floraison. Elle doit toujours être légère, limitées aux extrémités des branches. Ne jamais couper sur du vieux bois, la plante pourrait ne pas s’en remettre.

L’association d’un céanothe de Californie avec un ciste à fleur rose (Cistus albidus, Cistus creticus) est superbe.

4) Céanothes rustiques au feuillage caduc

D’autres espèces et leurs hybrides s’adaptent plus facilement aux jardins français. Elles sont vraiment rustiques, jusqu’à -15°C environ, leur feuillage est caduc, leur floraison est blanche ou rose ou bleu pâle, plus tardive, de mai à juillet, amie des abeilles.

Les espèces nord-américaines, Canada compris

La plus connue est C. americanus. On peut aussi citer C. herbaceus, C. integerrimus et C. sanguineus, toutes à fleurs blanches. On les trouve en graines.

Les hybrides Ceanothus x delilianus

Les céanothes nord-américains, comme C. americanus et C. herbaceus, sont arrivés les premiers en Europe à la fin du 18iè siècle. Ils ont été suivis du frileux C. caeruleus à fleur bleue, natif du Mexique.

On appelle C. x delilianus des hybrides créés au 19iè siècle en France, entre C. americanus et C. caeruleus. Certains sont encore en vogue aujourd’hui, comme ‘Gloire de Versailles‘ (vers 1830, hauteur 2 à 3 m, bleu pâle) et ‘Henri Desfossé‘ (moins haut, bleu plus soutenu), créé par Victor Lemoine. Ils sont rustiques, jusqu’à – 15° sur de courtes périodes. Leur floraison est estivale.

Les Ceanothus x pallidus

On appelle ainsi des hybrides entre C. x delilianus et C. herbaceus = C. ovatus. Le plus connu est ‘Marie Simon‘ (hauteur 1 à 2 m, fleurs roses).

Hybrides récents

Obtenus en Europe (Grande Bretagne, Pays Bas, France), il sont nombreux.