Chèvrefeuilles grimpants

Sphinx au crépuscule

Famille des Caprifoliacées, genre Lonicera

Contrairement à d’autres grimpantes comme le lierre (fixation par crampons), la vigne vierge (fixation par ventouses) ou la clématite (fixation par vrilles), les tiges des chèvrefeuilles grimpants s’enroulent autour du support : ce sont des lianes volubiles. Vue d’au-dessus, la liane tourne dans le sens des aiguilles d’une montre (enroulement dextre). Le support peut être un poteau à masquer, un treillis, une pergola.

Quelques chèvrefeuilles grimpants sont présents dans la flore française, à l’état naturel ou naturalisés : les loniceras alpigena, caprifolium, etrusca, implexa, nigra, periclymenum, pyrenaica et xylosteum.

Les plus résistants à la sécheresse sont les méditerranéens Lonicera etrusca, L. implexa et L. biflora. Ils ne dépassent pas 3 à 4 m de hauteur.

Les autres espèces, vigoureuses, à croissance rapide, ont des besoins élevés en eau et nutriments. Elles ne supportent pas un sol sec. Dès qu’elles manquent d’eau, elles s’affaiblissent, et risquent une attaque de pucerons ou une maladie fongique. Il faut les installer dans un sol riche, frais à humide. Planter la souche à l’ombre, sinon couvrir la surface du sol de pierres ou de tuiles pour garder l’humidité. Des arrosages réguliers sont les bienvenus en été. Apporter un engrais organique chaque année. Ne pas installer près de la souche des plantes dont les racines viendraient concurrencer les siennes.

Toutes ces lianes sont rustiques à très rustiques, au moins jusqu’à – 12°, et souvent nettement plus.

Avec l’âge, un chèvrefeuilles grimpant peut se dégarnir à la base ; on peut le rajeunir en coupant à ras du sol une partie des vieilles tiges, à la fin de l’hiver, en étalant sur deux ou trois ans.

Éviter la liane L. japonica : elle est invasive et a un impact très négatif sur le milieu naturel.

Fleur et butineurs

La corolle d’un chèvrefeuilles grimpant est formée d’un long tube suivi de 2 lèvres, la supérieure à 4 lobes. Elle présente une symétrie bilatérale. On distingue deux types de corolle :

Corolle à papillons et bourdons à longue langue. De couleur blanc-crème, jaune ou rose ; tube long d’environ 4 cm chez L. periclymenum et L. caprifolium.

C’est la fleur des lianes d’Europe ou d’Asie. Elle éclot en fin d’après-midi et produit au crépuscule un pic de parfum et de nectar dilué qui inonde le tube.

La pollinisation est assurée principalement par des papillons, surtout noctuelles (nocturnes) ou sphinx (nocturnes ou diurnes selon l’espèce), plus des bourdons à longue langue (diurnes).

De jour, des bourdons terrestres, des xylocopes violets et des abeilles à miel (tous à langue courte) volent le nectar en perçant un trou à la base du tube.

Sphinx orangé sur Lonicera caprifolium

Corolle à colibris. Corolle formée d’un tube en trompette suivi de 2 lèvres très courtes. Elle est rouge vif, non parfumée, contenant une grande quantité de nectar dilué, souvent pendante. Dans son milieu naturel, elle est pollinisée de jour par les colibris. On la trouve sur certaines lianes américaines, comme L. sempervirens.

Chez certaines espèces, une ou plusieurs paires de feuilles situées sous une inflorescence sont connées : sans pétioles, soudées par leurs bases, formant un « disque » traversé par la tige.

C’est le cas chez L. caprifolium et L. sempervirens.

Chez d’autres espèces, les feuilles sont toujours séparées, un détail qui, avec la couleur des baies, permet de les distinguer.

Lonicera sempervirens

1) Lianes d’Europe et rives de la Méditerranée

Leur fleur a une corolle à papillons et bourdons à longue langue.

Chez L. caprifolium, L. etrusca et et L. implexa, une ou plusieurs paires de feuilles sous une inflorescence sont connées. Chez L. periclymenum et L. biflora, elles sont toujours séparées. Question fragrance, ces lianes gagnent largement devant les clématites, bignones ou glycines !

L. periclymenum. Le plus connu, d’une hauteur 3 à 5 m. Feuillage caduc. Les dernières paires de feuilles sont séparées. La floraison est très longue, 4 à 5 mois, de mai à octobre. très parfumée le soir. Belle corolle bilabiée longue de 4 à 5 cm, extérieur rouge violacé, intérieur blanc-crème et jaune. Baies rouges. Il en existe de nombreux cultivars, dont ‘Belgica’ et ‘Serotina’, qui datent du 18iè siècle et sont toujours des références.

L. caprifolium. Hauteur 4 m et plus. Feuillage caduc. Les dernières paires de feuilles sont connées. Floraison printanière, très parfumée le soir. Belle corolle bilabiée, longue de 4 à 5 cm, jaune pâle teintée de rose. Baies rouges. L. caprifolium est sensible à l’oïdium, c’est pourquoi on lui préfère ses cultivars ‘Inga’ et ‘Anna Fletcher’, plus résistants. Il fleurit moins longtemps que L. periclymenum et se montre plus vulnérable aux maladies.

L. etrusca, Chèvrefeuille de Toscane ou d’Etrurie, un méditerranéen qui résiste bien à la sécheresse. Hauteur moins de 4 m. Feuillage semi-persistant. Ce n’est pas une liane volubile : il ne se fixe pas de lui-même. Il forme un arbuste buissonnant ou qui s’élève en prenant appui sur la végétation environnante. Au jardin, on peut le palisser sur un support. Dernières paires de feuilles connées. Baies rouges.

L. implexa (Baléares), proche de L. etrusca. Hauteur 2 m.

L. biflora (sud de l’Espagne, Maghreb). Arbuste vigoureux buissonnant ou liane volubile qui s’enroule. Feuillage semi-persistant. Dernières paires de feuilles séparées. Baies bleu-noir. Hauteur 2 à 5 m. Résiste bien à la sécheresse.

2) Lianes d’Asie ou d’Amérique du Nord

Lianes d’Asie

La fleur a une corolle à papillons et bourdons à longue langue. Elle est suivie d’une baie noire. Les feuilles sont toujours séparées.

L. henryi (Chine). Hauteur 6 m et plus. Son principal atout est son beau feuillage persistant, idéal pour masquer un support en hiver. Longues feuilles ovales à lancéolées, luisantes, vert foncé. Sinon il fleurit peu, en juin-juillet. Petite corolle bilabiée (moins de 3 cm), parfumée, mêlant le rouge pourpré, l’orange et le rose. Baies noir violacé. Espèce proche : L. glabrata.

L. similis var delavayi (Chine). Hauteur 3 à 5 m. Feuillage semi-persistant. Floraison estivale, abondante et parfumée le soir, suivie de baies noires. Corolle bilabiée, longue de 6 cm, blanche à l’éclosion puis vire au jaune pâle. Baies noires. Espèces proches : L. macrantha, L. affinis et L. japonica.

Lianes d’Amérique du Nord, corolle à colibris

La fleur a une corolle à colibris. Elle est suivie d’une baie rouge. Une ou plusieurs paires de feuilles sous une inflorescence sont connées.

L. sempervirens (Amérique du Nord). Hauteur 6 m et plus. Le feuillage est semi-persistant. Abondante floraison estivale, sans parfum. Corolle en trompette, longue de 4 à 5 cm, rouge orangé à l’extérieur et jaune à l’intérieur. Espèces proches : L. ciliosa et L. pilosa.

Quelques hybrides

  • Les Lonicera x italica sont issus d’un croisement entre L. caprifolium et L. etrusca.
  • Les Lonicera x americana sont (malgré leur nom) issus d’un croisement entre deux européens, L. implexa et L. etrusca.
  • Les Lonicera x heckrottii sont issus d’un croisement entre L. sempervirens et L. x americana.