Chèvrefeuilles grimpants

Famille des Caprifoliacées, genre Lonicera

Il existe environ 180 espèces de chèvrefeuilles, au port très variable, des lianes plus des arbustes ou arbres. Leur feuillage est caduc ou persistant. Les feuilles sont opposées, ovales à elliptiques, rarement dentélées ou divisées.

Quelques chèvrefeuilles grimpants sont présents dans la flore française, à l’état naturel ou naturalisés : les loniceras alpigena, caprifolium, etrusca, implexa, nigra, periclymenum, pyrenaica et xylosteum.

Contrairement à d’autres grimpantes comme le lierre (fixation par crampons), la vigne vierge (fixation par ventouses) ou la clématite (fixation par vrilles), les chèvrefeuilles grimpants ont leurs tiges qui s’enroulent autour du support : ce sont des lianes volubiles. Vue d’au-dessus, la liane tourne dans le sens des aiguilles d’une montre (enroulement dextre). Le support peut être un poteau à masquer, un treillis, une pergola.

Chez certaines espèces, une ou plusieurs paires de feuilles situées sous une inflorescence sont connées (image 3 ci-dessous) : sans pétioles, soudées par leurs bases, formant un « disque » traversé par la tige. C’est le cas chez L. caprifolium et L. sempervirens. Chez d’autres espèces, les feuilles sont toujours séparées, un détail qui, avec la couleur des baies, permet de les distinguer.

Fleur et butineurs

Chez les chèvrefeuilles grimpants, les fleurs sont groupées par 2 ou par 3, le long des tiges ou à leur extrémité. La corolle est formée d’un long tube suivi de 2 lèvres, la supérieure à 4 lobes, l’inférieure à 1 lobe. Elle présente une symétrie bilatérale et abrite 5 étamines, plus le style. L’ovaire est infère. On distingue deux types de corolle :

Image 1. Fleur à papillons et bourdons, des lianes d’Europe ou d’Asie. Sa corolle est blanc-crème, jaune ou rose ; son tube fait environ 4 cm de long. Elle éclot en fin d’après-midi et produit chaque soir un afflux de parfum et de nectar dilué qui inonde le tube.

La pollinisation est assurée principalement par des papillons, surtout noctuelles ou sphinx. De jour, des bourdons, xylocopes violets et diverses abeilles volent le nectar en perçant un trou à la base du tube.

Images 2 et 3. Fleur à colibris, de certaines lianes américaines comme Lonicera sempervirens, pollinisées de jour par les colibris dans leur milieu naturel. La corolle est rouge vif, sans parfum, en longue trompette suivie de 2 courtes lèvres. Pendante, elle contient une grande quantité de nectar dilué.

Chèvrefeuilles plantes-hôtes

Image 4. Dans le genre Lonicera, plusieurs lianes (L. periclymenum, L. caprifolium, L. etrusca, L. implexa) ou arbustes (L. xylosteum, L. alpigena) sont les plantes-hôtes d’un superbe papillon, le Sylvain azuré, de la famille des Nymphalidés. Le dessus de ses ailes est noir à reflets bleus, d’où l’adjectif azuré. Le dessous est brun-rouge. Les deux faces des ailes sont ornées de taches blanches et de rangées de points noirs.

Cette espèce, présente du sud de l’Europe jusqu’en Asie, peut avoir une ou plusieurs générations, selon l’endroit. Les chenilles hivernent dans des feuilles enroulées et tapissées de soie à l’intérieur. Les adultes volent de mai à août, dans des bois clairs et leurs lisières.

Culture

Ces lianes sont rustiques à très rustiques, au moins jusqu’à – 12°, et souvent nettement plus.

Les plus résistantes à la sécheresse sont les méditerranéennes Lonicera etrusca, L. implexa et L. biflora, qui ne dépassent pas 3 à 4 m de hauteur. Les autres, vigoureuses, à croissance rapide, ont des besoins élevés en eau et nutriments. Ne pas laisser sécher le sol et les planter dans un sol riche, frais à humide. Dès qu’elles manquent d’eau, elles s’affaiblissent, et risquent une attaque de pucerons ou une maladie fongique. Planter la souche à l’ombre, sinon couvrir la surface du sol de pierres ou de tuiles pour garder l’humidité. Des arrosages réguliers sont les bienvenus en été. Apporter un engrais organique chaque année.

Ces lianes peuvent être facilement multipliées par marcottage, en plaquant une longue tige sur le sol ou dans un pot.

Avec l’âge, un chèvrefeuilles grimpant peut se dégarnir à la base ; on peut le rajeunir en coupant à ras du sol une partie des vieilles tiges, à la fin de l’hiver, en étalant sur deux ou trois ans.

1) Lianes d’Europe et rives de la Méditerranée

Leur fleur a une corolle à papillons et bourdons à longue langue.

Chez L. caprifolium, L. etrusca et et L. implexa, une ou plusieurs paires de feuilles sous une inflorescence sont connées. Chez L. periclymenum et L. biflora, elles sont toujours séparées. Question fragrance, ces lianes gagnent largement devant les clématites, bignones ou glycines !

L. periclymenum. Le plus connu, d’une hauteur 3 à 5 m. Feuillage caduc. Les dernières paires de feuilles sont séparées. La floraison est très longue, 4 à 5 mois, de mai à octobre. très parfumée le soir. Belle corolle bilabiée longue de 4 à 5 cm, extérieur rouge violacé, intérieur blanc-crème et jaune. Baies rouges. Il en existe de nombreux cultivars, dont ‘Belgica’ et ‘Serotina’, qui datent du 18iè siècle et sont toujours des références.

L. caprifolium. Hauteur 4 m et plus. Feuillage caduc. Les dernières paires de feuilles sont connées. Floraison printanière, très parfumée le soir. Belle corolle bilabiée, longue de 4 à 5 cm, jaune pâle teintée de rose. Baies rouges. L. caprifolium est sensible à l’oïdium, c’est pourquoi on lui préfère ses cultivars ‘Inga’ et ‘Anna Fletcher’, plus résistants. Il fleurit moins longtemps que L. periclymenum et se montre plus vulnérable aux maladies.

L. etrusca, Chèvrefeuille de Toscane ou d’Etrurie, un méditerranéen qui résiste bien à la sécheresse. Hauteur moins de 4 m. Feuillage semi-persistant. Ce n’est pas une liane volubile : il ne se fixe pas de lui-même. Il forme un arbuste buissonnant ou qui s’élève en prenant appui sur la végétation environnante. Au jardin, on peut le palisser sur un support. Dernières paires de feuilles connées. Baies rouges.

L. implexa (Baléares), proche de L. etrusca. Hauteur 2 m.

L. biflora (sud de l’Espagne, Maghreb). Arbuste vigoureux buissonnant ou liane volubile qui s’enroule. Feuillage semi-persistant. Dernières paires de feuilles séparées. Baies bleu-noir. Hauteur 2 à 5 m. Résiste bien à la sécheresse.

2) Lianes d’Asie ou d’Amérique du Nord

Lianes d’Asie

La fleur a une corolle à papillons et bourdons à longue langue. Elle est suivie d’une baie noire. Les feuilles sont toujours séparées.

L. henryi (Chine). Hauteur 6 m et plus. Son principal atout est son beau feuillage persistant, idéal pour masquer un support en hiver. Longues feuilles ovales à lancéolées, luisantes, vert foncé. Sinon il fleurit peu, en juin-juillet. Petite corolle bilabiée (moins de 3 cm), parfumée, mêlant le rouge pourpré, l’orange et le rose. Baies noir violacé. Espèce proche : L. glabrata.

L. similis var delavayi (Chine). Hauteur 3 à 5 m. Feuillage semi-persistant. Floraison estivale, abondante et parfumée le soir, suivie de baies noires. Corolle bilabiée, longue de 6 cm, blanche à l’éclosion puis vire au jaune pâle. Baies noires. Espèces proches : L. macrantha, L. affinis.

L. japonica : à éviter, elle est invasive et étouffe les plantes indigènes.

Lianes d’Amérique du Nord

L. sempervirens (Amérique du Nord). Hauteur 6 m et plus. Feuillage semi-persistant. Abondante floraison estivale. Corolle à colibris, en trompette, longue de 4 à 5 cm, rouge orangé à l’extérieur et jaune à l’intérieur. Baie rouge. Espèces proches : L. ciliosa et L. pilosa.

Quelques hybrides

  • Les Lonicera x italica sont issus d’un croisement entre L. caprifolium et L. etrusca.
  • Les Lonicera x americana sont (malgré leur nom) issus d’un croisement entre deux européens, L. implexa et L. etrusca.
  • Les Lonicera x heckrottii sont issus d’un croisement entre L. sempervirens et L. x americana.