Hélichryses et santolines

Colletes daviesanus sur la santoline petit cyprès

Famille des Astéracées, genres Helichrysum et Santolina

On se limite ici aux hélichryses et santolines adaptées au climat méditerranéen. Elles conviennent bien à un jardin sobre en eau, mises en valeur dans une rocaille ou pour certaines, sur gravier.

Ces deux genres sont très différents, par leur feuillage notamment, mais ils ont un point commun : ils partagent le même capitule sans ligules, comme un pompon. De petit diamètre, il est formé de fleurons jaunes tous tubulés, butinés par les abeilles et les syrphes.

Il faut placer ces plantes dans une partie bien ensoleillée du jardin, à l’abri du vent si les hivers sont froids, dans un sol pauvre, sableux ou caillouteux, même calcaire, bien drainé. Pailler en surface. Eviter de leur donner de l’engrais. Leurs besoins en eau sont faibles. Laisser sécher la terre entre deux arrosages. Elles sont diversement rustiques, mais, plus que le froid, elles craignent surtout un sol lourd, mal drainé en hiver.

Taille et entretien

Pour que ces sous-arbrisseaux (en particulier les santolines) gardent une allure dense et compacte, une taille régulière est indispensable, après la floraison, et en début de printemps. Raccourcir les rameaux au sécateur, puis donner une forme régulière et arrondie avec une cisaille.

Tailler court les santolines vigoureuses. Il est possible de régénérer les vieux plants de santolines en les rabattant sur la souche : ils repoussent sur le vieux bois.

1) Helichryses (immortelles)

Helichrysum est un genre hétérogène d’environ 600 espèces, qui viennent d’Afrique du Sud, d’Australie et du Sud de l’Europe. Leur nom vient du grec ancien : helios = soleil et chrysos = or, en référence à leurs capitules d’un jaune intense. Leur feuillage est persistant. Les feuilles sont alternes, simples (non divisées), très pubescentes sur les 2 faces (duveteuses, couvertes de poils fins), gris vert à argenté, aux bords lisses (pas de petites dents). Les capitules sont rassemblés en corymbes au sommet des tiges.

En séchant, les bouquets d’hélichryses gardent indéfiniment leur tenue et leurs couleurs, d’où leur surnom d’immortelles.

Le petit capitule des hélichryses présente une particularité : les bractées de l’involucre (voir la page Astéracées) sont nombreuses, minces et écailleuses, et donnent leur couleur jaune, rose ou blanche au capitule tant qu’il n’est pas éclos. Chez certaines espèces comme H. orientale, les bractées s’épanouissent à maturité, formant une collerette autour du fleuron, voir image 3.

Leur rusticité est moyenne, de – 10° à – 12°. La floraison a lieu au début d’été, plus précoce dans le sud.

Helichrysum orientale, immortelle d’Orient (Grèce, Turquie). Une des plus belles plantes de jardin sec, port en boule dense, superbe feuillage pubescent, presque blanc en été. Les feuilles sont spatulées (elles s’élargissent ves le sommet). Floraison en juin-juillet. Hauteur et diamètre 80 cm.

Anthidium manicatum, une abeille cotonnière, vient racler des poils sur ses feuilles, laissant de fines traînées vert sombre.

H. italicum, immortelle d’Italie, dispersée sur tout le pourtour méditerranéen. Appelée aussi ‘plante curry’ car son feuillage très aromatique dégage une forte odeur de curry, surtout lorsqu’il fait chaud ou après une pluie. Hauteur 60 cm. Feuilles linéaires gris argenté, bien plus étroites que celles de H. orientale. Floraison en juin-juillet. Un cultivar, ‘Miel & Curry’.

H. microphyllum = H. italicum subsp. microphyllum, une sous-espèce de H. italicum, native de Crète. Un cultivar, ‘Lefka Ori’, haut de 15 cm.

H. stoechas, immortelle des dunes ou immortelle commune. Une plante curry, proche de H. italicum. Présente dans le sud de la France, elle remonte le long du littoral atlantique jusqu’en Bretagne. Hauteur 30 cm.

H. amorginum. Sont vendus sous ce nom deux hybrides horticoles à bractées rouges ‘Red Jewell ‘ et ‘Ruby Cluster’, hauts de 30 à 40 cm. La vraie H. amorginum pousse sur l’île d’Amorgos, dans les Cyclades grecques.

H. thianschanicum (Asie Centrale). Une plante curry, proche de H. italicum, au feuillage gris argenté. Hauteur 50 cm.

2) Santolines

Santolina est un petit genre de 26 espèces des garrigues de l’ouest méditerranéen, ne dépassant pas 60 cm de hauteur. Leur feuillage persistant est aromatique, en général pubescent et gris argenté, sinon glabre et vert (S. virens, S rosmarinifolia) ou doré (S. virens ‘Lemon Fizz’). Les feuilles sont alternes, finement découpées en lobes minuscules. En juin, des capitules sphériques ne dépassant pas 2 cm de diamètre, de couleur jaune vif, parfois jaune crème, apparaissent solitaires au sommet des tiges. Souvent les tiges basses s’enracinent au contact du sol (marcottage).

Leur rusticité est assez bonne, allant jusqu’à – 10° à – 15°.

On peut réaliser de superbes associations en mêlant des santolines argentées, vertes ou dorées.

Les travaux du botaniste espagnol Antonio Giaco et de son équipe (voir Références) ont montré l’existence, dans le genre Santolina, de 14 espèces formant un complexe. C’est quoi, un complexe d’espèces en botanique ?

C’est un groupe de plantes très proches génétiquement, difficiles à distinguer les unes des autres sauf par quelques détails réservés aux spécialistes, et qui s’hybrident facilement entre elles (ce qui multiplie les formes intermédiaires et complique encore l’identification des plants). L’intérêt d’un complexe d’espèces , c’est qu’il suffit d’en étudier une seule pour bien connaître les autres. Par exemple, dans le complexe des santolines, on choisira la plus connue, la santoline petit cyprès S. chamaecyparissus, comme porte-drapeau.

1) Le complexe de la santoline petit cyprès

Santolina chamaecyparissus, santoline petit cyprès ou lin sacré. (Espagne, Italie, Balkans). Son nom courant ‘lin sacré’ a donné santoline, car, en latin, il se dit sanctum linum. Feuillage gris argenté, capitules jaune d’or en juin, port en boule étalée, haute de 50 cm, large de 70 cm.

Des pépiniéristes cultivent d’autres espèces du complexe : S. benthamiana (Portugal, Espagne), S. corsica (Corse, Sardaigne), S. decumbens (sud-est de la france), S. etrusca (Italie), S. magonica (Baléares), S. neapolitana (Italie), S. pinnata (Italie), S. villosa (Espagne) et S. virens = S. viridis (Espagne). Il existe plusieurs cultivars jouant sur la couleur du feuillage ou de la « fleur ».

À noter, S. magonica est une des plus petites santolines, haute de 30 à 40 cm. Un beau couvre-sol à la végétation dense, capitule jaune orangé.

Santolina x lindavica est un ancien hybride allemand (1913) dont on ignore les parents. Boule dense, haute de 40 cm, étalée sur 80 cm de diamètre, feuillage vert, capitules jaune clair.

2) Autres espèces

S rosmarinifolia (Portugal, Espagne). Une santoline originale. Malgré son nom, ses feuilles n’ont rien à voir avec celles du romarin. On l’appelle parfois santoline verte ou herbe aux olives, à cause de son feuillage vert franc qui dégage une senteur d’olive. Boule à la végétation dense, elle se prête bien à une taille précise. Capitules jaune d’or. Hauteur 50 cm, diamètre 60 cm.

S rosmarinifolia ressemble fortement à S. virens et les deux sont souvent confondues, vendues l’une pour l’autre. Explication : d’après le botaniste A. Giaco, S. virens est un hybride naturel issu d’un croisement entre S rosmarinifolia et S. ericoides.

S. insularis (Sardaigne), S. impressa (Portugal).