Manzanitas et arbousiers

Arctostaphylos pungens

Famille des Éricacées, genre Arctostaphylos, Arbutus

Les bruyères sont apparentées aux myrtilliers, canneberges, manzanitas, busseroles, arbousiers, rhododendrons, azalées et pieris.

1) Les points communs aux manzanitas et arbousiers

Ce sont des arbrisseaux, des arbustes ou des arbres, adaptés à la chaleur et le sécheresse, poussant sur un sol pauvre, bien drainé, plutôt acide, se régénérant vite après un feu de forêt.

Les manzanitas forment le genre Arctostaphylos, avec près de 60 espèces. Les arbousiers (ne pas confondre avec les argousiers) forment le genre Arbutus, avec 12 espèces. Manzanitas et arbousiers ont de nombreux points communs :

Un tronc multiple (cépée), une écorce rouge ou acajou, lisse, qui s’exfolie en fines feuilles, dévoilant la nouvelle écorce vert clair, des branches tortueuses, tourmentées, un beau feuillage persistant, des feuilles ovales à elliptiques, dentelées ou pas. Leurs fleurs semblables aux clochettes de bruyère, ont des anthères poricides, qui ne libèrent leur pollen que par pollinisation vibratile (voir Bourdons). Elles sont suivies de fruits rouges.

Les arbres peuvent vivre plusieurs siècles. Chez les sujets âgés de certaines espèces, le tronc offre un spectacle extraordinaire, unique dans le règne végétal, par sa forme et ses couleurs.

Les racines sont étroitement associées à des champignons (mycorhization). Leur vaste réseau de filaments dans le sol fournit à la plante l’eau, précieuse en cas de sécheresse, et des nutriments riches en phosphore et azote : une symbiose qui permet à ces Éricacées de se développer dans des sols pauvres. En conséquence, il est inutile et même déconseillé de leur donner un engrais.

Ces espèces exigent un sol léger, ameubli, sableux ou graveleux, bien drainé, acide à neutre. Si le sol est lourd, ou si le climat est humide, planter au sommet d’une butte ou en pente. Pailler la surface. Une fois installées, après 1 ou 2 ans, les arrosages doivent cesser. Elles ne tolèrent ni les sols trempés ni l’eau stagnante. Le sur-arrosage les tue lentement, d’où le mythe de plantes difficiles à cultiver. Proscrire l’irrigation goutte à goutte. Moins on s’en occupe, mieux elles se portent !

Passé deux ans, il faut renoncer à les transplanter, sinon leurs racines blessées auraient de mal s’en remettre, d’où la nécessité de trouver, du premier coup, sans se tromper. le site où les planter.

Leur rusticité varie fortement suivant l’espèce, généralement de moyenne (de – 7° à – 10°) à bonne (de- 12° à – 17°).

2) Les manzanitas

Ces espèces sont presque toutes natives de la côte Ouest de l’Amérique du Nord, avec la Californie comme foyer principal. Une exception, la busserole Arc. uva-ursi, présente dans quasiment tout l’hémisphère Nord, voir plus bas. Le genre Arctostaphylos compte près de 60 espèces, souvent en danger d’extinction dans leur milieu naturel.

Inconnues en France, les espèces californiennes n’ont pas de nom courant dans notre langue. On les appellera manzanitas comme en Amérique du Nord, ce qui signifie « petites pommes » en espagnol, une allusion à leur fruits rouges. Ce nom latin vient du fait que la Californie était une colonie espagnole jusqu’en 1846. On les appelle aussi bear-berries (baies à ours) car ils mangent leurs fruits.

Avec les céanothes, les manzanitas sont fréquentes dans le chaparral, le long du littoral ou dans les montagnes de la Sierra Nevada, pas très loin des forêts de séquoias géants. Leur port est très variable, allant de couvre-sols bas à arbres érigés dépassant rarement 6 m de haut. Elles fleurissent tout l’hiver, butinées par des abeilles, papillons et colibris.

Malgré leur grande valeur décorative, elles ne sont pas distribuées en France, sauf à la pépinière de Vaugines (Vaucluse), qui vend quelques cultivars ramenés par le botaniste globe-trotter Gérard Weiner.

Les graines importées de Californie sont souvent difficiles à faire germer, car, dans le chaparral, la germination est stimulée par les feux de forêt (espèces pyrophiles).

Quelques espèces : Arctostaphylos canescens, Arc. columbiana, Arc. glandulosa, Arc. glauca, Arc. manzanita, Arc. pringlei, Arc. pungens.

3) La busserole Arc. uva-ursi

En France, on appelle busserole ou raisin d’ours une espèce très rustique, présente dans tout l’hémisphère Nord : la busserole commune Arctostaphylos uva-ursi.

L’ancienne busserole des Alpes, Arctostaphylos alpina, a changé de genre botanique et renommée Arctous alpina ; elle est rare, non cultivée).

C’est un sous-arbrisseau rampant, d’une hauteur de 20 à 50 cm, d’un diamètre de 1 à 2 m.

De longues branches à l’écorce brun rouge rampent sur le sol, s’enracinant par endroits et émettant des rameaux dressés, feuillus.

Les petites feuilles persistantes sont obovales (de forme ovale inversée, plus larges vers le bout), vert foncé, luisantes, coriaces, et rougissent en automne.

La floraison est printanière. Des grappes de petites clochettes blanches et roses, pendent au bout des rameaux, butinées par les abeilles, suivies de fruits rouges, farineux, sans valeur gustative. Chaque fruit contient de 1 à 5 graines, à scarifier et stratifier avant germination.

Avec le temps, un dense entrelac de tiges et de feuilles recouvre les murets et rochers.

Arctostaphylos uva-ursi
Culture et utilisation

La busserole A. uva-ursi est très rustique, au-delà de – 18°, présente en plaine dans les pays nordiques, mais seulement dans les massifs montagneux en France. Dans les Alpes du Sud, on ne la trouve qu’au-delà de 1000 m d’altitude. Contrairement à ses cousines californiennes, elle ne supporte ni les fortes chaleurs, ni un ensoleillement agressif, ni une sécheresse prolongée. En région chaude, lui préférer par exemple les céanothes couvre-sols.

Planter la busserole avec un écart d’un mètre entre deux plants. Elle aime une exposition ensoleillée sans excès, autant que la mi-ombre. Arroser attentivement le premier été, et à la demande les étés suivants , mais éviter le sur-arrosage. Patience au début, sa croissance est lente.

Après 2 ou 3 ans, La busserole est bien installée, son système racinaire est puissant. Elle peut servir de couvre-sol de stabilisation des pentes et talus, en les protégeant contre l’érosion.

4) Les arbousiers

Les arbousiers sont des  arbres ou arbustes qui forment le genre Arbutus. Il en existe 12 espèces, dont 4 sont méditerranéennes, et 8 natives de la côte Ouest de l’Amérique du Nord.

Leurs fleurs, blanc verdâtre ou blanc – rosé, produisent des fruits arrivant à maturité que 6 à 12 mois plus tard, si bien qu’une même branche peut porter des fleurs et des fruits mûrs issus de fleurs de la vague précédente.

Ces fruits, les arbouses, sont des baies rouges à pépins, charnues, qui permettent de distinguer les arbousiers des manzanitas. Elles sont comestibles, à manger plutôt cuites, en confiture, gelée ou tarte, et ont valu à l’arbousier le surnom d’arbre aux fraises.

Trois espèces méditerranéennes, et leurs hybrides

Ces arbres sont plus hauts que les manzanitas, certains sujets pouvant dépasser 12 m.

Arbutus unedo, arbousier commun, le plus connu. Hauteur 6 m et plus. Belle écorce brun rouge. Floraison et baies rouges en automne. Sa rusticité, de – 12° à – 15° est bonne, mais il a besoin d’un hiver doux pour fleurir et fructifier correctement. Supporte un sol calcaire. On le trouve dans le sud de la France, et le long du littoral atlantique jusqu’en Irlande. Il en existe plusieurs cultivars, dont ‘Rubra’, à fleurs rose- rouge.

Les deux suivants, A. andrachne et A. canariensis, d’une hauteur de 5 m et plus, ont une superbe écorce rougeâtre, qui s’exfolie sur la nouvelle écorce vert pistache, transmise à leurs hybrides :

Arbutus andrachne, arbousier de Chypre, natif de l’est de la Méditerranée. Floraison en début de printemps, baies rouges en automne. Rusticité de – 12° à – 15°. Supporte un sol calcaire.

Arbutus canariensis, arbousier des Canaries. H. Moyennement rustique, de – 8° à – 10°. Sa tolérance à un sol calcaire est mal connue. Aux Canaries, Il pousse sur des sols volcaniques acides.

Hybrides : Ils supportent un sol calcaire.

Arbutus x andrachnoides, issu du croisement entre A. unedo et A. andrachne. Rusticité de – 12° à – 15°.

Arbutus x thuretiana, arbousier de Thuret, issu du croisement entre A. andrachne et A. canariensis. Rusticité de – 8° à – 10°.

Arbutus x reyorum ‘Marina’, issu du croisement entre A. x andrachnoides et A. canariensis. Rusticité de – 8° à – 10°.

Arbutus x androsterilis, issu du croisement entre A. unedo x A. canariensis. Rusticité de – 10° à – 12°.