Papillons

Dione moneta

Les papillons sont les insectes de l’Ordre des Lépidoptères. Les adultes sont caractérisés par leurs grandes ailes, leur longue trompe ou proboscis enroulée en spirale au repos.

Leurs ailes sont couvertes d’écailles unicolores, rangées comme des tuiles, et disposées de façon à créer des motifs graphiques, qui ont divers rôles : permettre à deux individus de se reconnaître comme étant de la même espèce, trouver un(e) partenaire sexuel(le), se fondre dans le décor pour passer inaperçu des prédateurs (mimétisme), ou au contraire, afficher des couleurs vives (jaune, rouge, orange) pour les avertir de leur toxicité (protection aposématique), …

Leur trompe fonctionne comme une paille, permettant d’aspirer un liquide comme le nectar d’une fleur ou le jus d’un fruit mûr.

Classifications

On utilise souvent une ancienne classification (Lépidoptères = Rhopalocères + Hétérocères), simple et utile :

  • Les Rhopalocères : au repos, leurs ailes sont jointes l’une contre l’autre à la verticale au-dessus du corps. Leurs antennes se terminent ‘en massue’.
  • Les Hétérocères : au repos, leurs ailes sont posées ‘à plat’, couvrant le corps. Leurs antennes sont filiformes ou plumeuses.

La plupart des Rhopalocères volent le jour et ont des couleurs vives, mais certains volent la nuit et ont des couleurs ternes, comme les Hedylidés. La majorité des Hétérocères volent entre le crépuscule et l’aube, et ont des couleurs ternes, mais certains volent le jour et sont très colorés, comme les Zygènes !

Dans le langage commun, on ne s’embarrasse pas de détails : on dit que les Rhopalocères sont les papillons de jour, et que les Hétérocères sont les papillons de nuit !

On compte près de 5500 espèces de papillons en France, dont 260 espèces de Rhopalocères, les autres (près de 95 %) étant des espèces d’Hétérocères, moins connues.

La classification actuelle est phylogénétique : elle étudie les relations de parenté entre les groupes et permet de tracer des arbres du vivant.

Papillons dits de jour

Principales familles :

Famille des Papilionidés : Flambé et Machaon

Famille des Piéridés : Les Marbrés ( Aurore), Piérides jaunes (Citron, Souci), Piérides blanches (Piéride du chou, du Navet, de la rave).

Famille des Nymphalidés : Vanesses (Vulcain, Belle-Dame, Paon du jour, Carte géographique, Robert-le-diable), Satyres (Demi-deuil, Tircis, Myrtil, Amaryllis, Fadet, Mégère et Satyre), Mars et Sylvains (Petit Mars changeant, Petit Sylvain, Sylvain azuré), Nacrés et Mélitées (Tabac d’Espagne, Petit nacré, Petite violette, Mélitée du plantain, Mélitée des centaurées).

Famille des Hesperidés : Hespéries fauves (Sylvaine, Hespérie du Dactyle, Hespérie de la Houque, Point de Hongrie).

Famille des Lycénidés : Azurés (Argus bleu, Collier du Corail, Azuré des nerpruns), Cuivrés (Cuivré commun, Cuivré fuligineux), Thècles (Argus vert).

Papillons dits de nuit

Galerie : la Hulotte est nocturne, l’Écaille Chinée vole la nuit ou le jour, le Moro-Sphinx et les zygènes volent le jour. La couleur rouge des ailes postérieures de l’Écaille Chinée, et les taches rouges sur les ailes de la Zygène transalpine sont des exemples de protection aposématique.

Principales familles : Sphingidés (Sphinx), Saturnidés, Géomètridés (Géomètres, Phalènes), Noctuidés (Noctuelles), Érébidés (Écailles), Zygénidés, …

Une mention spéciale pour les sphinx, des papillons nocturnes, crépusculaires ou diurnes. Ils ont beaucoup de points communs avec les colibris : ils battent de leurs ailes étroites jusqu’à 75 fois par seconde, permettant un vol très rapide (40 km / h et plus) ou sur place (vol stationnaire). Leur trompe très longue leur permet d’atteindre le nectar situé au fond de corolles étroites. Leur cadence de butinage est élevée, par exemple, sur les phlox ou buddleias, moins d’une seconde par fleuron. Il s’agit d’une convergence évolutive avec les colibris.

Dans les jardins, on voit souvent le moro-sphinx ou sphinx-colibri, un papillon diurne, parmi les meilleurs pollinisateurs. C’ est un migrateur : aidé de vents favorables, il peut parcourir à l’automne des milliers de km vers le sud pour échapper aux rigueurs de l’hiver.

Cycle

Durant sa vie, un papillon passe par 4 stades : œuf, larve, nymphe, adulte ailé. La larve est appelée chenille, et la nymphe est appelée chrysalide.

Après accouplement, une femelle pond de nombreux œufs (parfois des centaines) sur les feuilles de certaines plantes. Les œufs donnent naissance à des chenilles qui vont grandir par une suite de mues de croissance. Finalement, la chenille donne une chrysalide qui se transforme en adulte ailé par métamorphose. L’adulte ou imago a une durée de vie très variable, de quelques jours à plusieurs mois.

La femelle se désintéresse de l’avenir de ses œufs : elle « pond et oublie ». Les chenilles se débrouillent seules, sans assistance. Peu d’entre elles arrivent au stade adulte, exposées aux intempéries et aux prédateurs comme les oiseaux, alors que les larves des abeilles grandissent en sécurité dans leurs cellules, profitant des réserves entassées par leur mère.

L’hibernation se fait à un des 4 stades. Les espèces qui passent l’hiver au stade adulte ou chrysalide sont les plus précoces au printemps : Petite et Grande Tortues, Citron, Robert-le-Diable, Paon-du-jour, …

Chenille et plantes hôtes spécifiques

Une femelle ne pond ses œufs que sur les feuilles de certaines plantes indigènes (les plantes sauvages locales) appelées plantes hôtes. Les plantes exotiques ne lui conviennent pas : la femelle ne reconnaît que certaines plantes indigènes car son espèce de papillon et ces plantes ont évolué ensemble durant des millions d’années pour s’ajuster mutuellement.

Contrairement à l’adulte muni d’une trompe, la chenille est dotée de puissantes mâchoires aptes à broyer. Elle dévore les feuilles de sa plante hôte, en grande quantité pour compenser leur faible valeur nutritive. Paradoxe, les chenilles ravageuses sont détestées, mais les papillons adultes sont bien aimés !

Chaque espèce de papillon a ses propres plantes hôtes spécifiques, parfois une seule. Par exemple, la femelle du papillon Belle-Dame ne pond que sur les feuilles de Mauve des bois, de Bourrache, de Plantain lancéolé, ou de plusieurs espèces de Cirse. Mais la Carte géographique a pour unique plante hôte l’Ortie dioïque. Idem pour le Machaon et la Carotte sauvage, ou pour le Citron et la bourdaine.

Adulte et fleurs nectarifères

L’adulte se nourrit principalement du nectar de fleurs. Il aime la chaleur et ses grandes ailes ont une forte prise au vent, donc il préfère butiner au soleil, dans un lieu abrité, des fleurs qui lui fournissent une base stable où se poser et garder son équilibre.

Les fleurs de ses plantes hôtes ne lui conviennent pas, sauf exception. Il butine soit des fleurs spécialistes des papillons, présentant un tube long et étroit au fond duquel est secrété un nectar abondant qu’il atteint avec sa longue trompe, soit d’autres fleurs, plus polyvalentes, à condition qu’elles soient riches en nectar. Il préfère un nectar liquide, abondant, bien dilué, donc facile à aspirer avec sa trompe.

Quelques fleurs à papillons diurnes : les scabieuses, les eupatoires, les orpins, les œillets (Dianthus), les cératostigmas, le fenouil Fœniculum vulgare, la valériane rouge Centranthus ruber, le Compagnon rouge Silene dioica, le lychnis Fleur de coucou Lychnis flos-cuculi, la giroflée arbustive Erysimum ‘Bowles Mauve’, l’origan commun Origanum vulgare, le lierre Hedera helix, les Phox paniculata ‘Jeana‘ et ‘David’, les verveines Verbena bonariensis, Verbena rigida et Phyla nodiflora.

Quelques fleurs à papillons nocturnes : les chèvrefeuilles grimpants Lonicera periclymenum et L. caprifolium, le Compagnon blanc Silene latifolia, la Julienne des dames Hesperis matronalis, l’onagre bisannuelle Oenothera biennis, le jasmin officinal Jasminum officinale, le tabac ailé Nicotiana alata non modifié, à fleur blanche (peu rustique).

Attention, les fleurs ne produisent du nectar que si elles ont assez d’eau. Il faut arroser occasionnellement celles qui fleurissent en été.

La trompe du papillon ne lui permet pas de consommer des grains de pollen, et, contrairement aux abeilles, il n’a aucun dispositif pour les transporter : absence de brosse, de corbeille à pollen, … Il se prive ainsi d’une bonne source en acides aminés (AA), les ‘briques’ qui servent à la synthèse des protéines. C’est pourquoi les fleurs à papillons ont évolué : leur nectar est plus riche en AA que celui des fleurs à abeilles, d’où une reproduction améliorée, voir Références.

Tous les papillons ne sont pas floricoles et, parmi les floricoles, tous ne sont pas pollinisateurs, mais la plupart le sont. Quand ils butinent, des grains de pollen se collent, par contact ou par force électrostatique, sur leur trompe ou leur tête, déposés ensuite sur le stigmate d’une autre fleur, d’où pollinisation. Ils dispersent ainsi le pollen, la semence mâle, sans le manger, un avantage pour les fleurs.

Comparés aux abeilles, les papillons visitent moins de fleurs et transportent moins de grains de pollen sur leur corps, mais leur rôle est essentiel pour certaines niches de fleurs, sauvages ou cultivées. Ceux de nuit (près de 95 % des espèces) sont de très bons pollinisateurs, d’importance sous-estimée. On en voit en été, à partir de 19 heures, ou tôt le matin.

Bio-indicateurs, espèces menacées

Le soutien des papillons est plus ardu que celui des abeilles. Leur survie dépend d’un réseau de partenaires écologiques : des plantes hôtes indigènes pour les chenilles, des fleurs nectarifères pour les adultes, et des habitats où ces végétaux poussent. La présence (ou l’absence) d’une population riche et variée est un bio-indicateur de l’état de santé d’un espace naturel.

Dans notre environnement de plus en plus dégradé, on assiste à l’effondrement de leurs effectifs et de leur diversité. Des papillons, fréquents autrefois, ont quasiment disparu de nos paysages, et sont en cours d’extinction. Voici la Liste rouge des espèces menacées en France, publiée par le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle) :

  • Espèce éteinte en France métropolitaine : Sylvain des spirées
  • Espèces en danger critique : Hespérie du Barbon, Mélibée
  • Espèces en danger : Fadet des tourbières, Damier du frêne, Vanesse des pariétaires
  • Espèces vulnérable : Hespérie de la ballote, Hespérie rhétique, Piéride de l’aethionème, Argus castillan, Azuré des paluds, Azuré de la sanguisorbe, Faux-cuivré smaragdin, Hermite, Damier des knauties, Damier du chèvrefeuille, Mélitée des digitales.

De nombreuses espèces de papillons, de jour ou de nuit, sont désormais protégées et leur capture est interdite.