Penstemons

Un bourdon visite une fleur de penstemon

Famille des Plantaginacées, genre Penstemon

On compte plus de 250 espèces de penstemons ou galanes, natives d’Amérique du Nord. Celles qui nous intéressent sont des vivaces.

Leurs feuilles sont opposées, ovales à lancéolées, parfois linéaires, entières ou dentelées.

La grande majorité des penstémons sont natifs de l’Ouest Américain et du Mexique, et poussent dans des rocailles semi-désertiques ou alpines, dans un sol minéral, bien drainé, avec peu d’humus, des étés torrides, des hivers glacials, de faibles précipitations annuelles. Une fois établis, ils sont capables de se développer, fleurir, produire des graines sans arrosage ou peu. Ce sont des plantes de jardin sec.

Quelques rares espèces viennent des climats pluvieux du Nord-Est, Canada compris. Ils ne tolèrent pas la sécheresse, et profitent d’arrosages réguliers en été.

Le marché est dominé par des hybrides très horticoles, conçus pour s’adapter facilement à nos sols et à nos climats. Leur look est souvent démodé car trop vu. Les penstémons de jardin sec sont plus délicats à cultiver, demandent de la passion et du savoir-faire, mais leur beauté est éclatante.

1) Fleur et butineurs

Au début de l’été, des inflorescences se forment au sommet des tiges. Comme chez les sauges d’Amérique, on trouve des fleurs destinées aux abeilles, d’autres aux colibris, plus des intermédiaires.

La corolle est bilabiée, semblable à celle des digitales, de la même famille, les Plantaginacées. Elle est formée d’un tube court, suivi d’une vaste bouche ornée de 2 lèvres, la supérieure à 2 lobes, l’inférieure à 3 lobes.

Sous la voûte se trouvent le style et quatre étamines fertiles. Il en existe une cinquième mais stérile, le staminode, souvent barbu et saillant, posé sur le palais. Son rôle serait de dévier les butineurs pour qu’ils frottent leur dos sur les étamines fertiles. Le nom Penstemon vient de penta-stemon, cinq étamines.

Dans le fond du tube se trouvent l’ovaire supère et les glandes à nectar. Le palais de la corolle est tagué de guides à nectar.

Images 1 et 2. La fleur à abeilles est bleu-mauve, bleu violacé ou blanche. Chez P. watsonii, le tube s’évase progressivement, comme un doigt de gant. Chez P. palmeri, il s’évase brusquement en une courte et large bouche comme ‘gonflée’. Le staminode de P. palmeri est saillant, doré et barbu.

Images 3 et 4. La fleur à colibris est rouge vif, tubulaire, étroite, adaptée à un bec de colibri.. La lèvre inférieure est réduite, parfois pliée en arrière (profil en tête de requin), pour empêcher un insecte de s’y poser. La fleur est souvent pendante, pour faciliter le pompage du nectar, abondant et fluide. Il s’agit d’une ancienne fleur à abeilles qui a évolué pour changer de pollinisateur.

Entre la fleur à abeilles et celle à colibris, il existe une gamme de corolles aux couleurs et formes intermédiaires, pollinisées par les abeilles et les colibris.

2) Penstémons de jardin sec, fleur à abeilles

Ils amènent des couleurs exceptionnelles au jardin. Il est toujours étonnant de voir une abeille s’engouffrer dans la profondeur de la corolle bleue, violette, mauve, … Ils sont peu distribués en France, les plus connus en jeunes plants, les autres en graines. En voici quelques-uns :

  • P. campanulatus : hauteur 75 cm, corolle mauve.
  • P. cobaea : moins exigeant que d’autres, supporte mieux l’humidité, hauteur 60 cm, les plus grosses fleurs du genre, jusqu’à 6 cm de long, très florifère, corolle blanc rosé veinée de bleu. Parent de nombreux hybrides.
  • P. gentianoides : 60 à 150 cm, corolle bleu violacé.
  • P. glaber : 30 à 70 cm, corolle bleu ciel à violet.
  • P. grandiflorus : 60 cm, corolle bleu clair, grandes fleurs jusqu’à 5 cm.
  • P. heterophyllus : 50 à 100 cm, corolle bleue. Cultivars : ‘True Blue’, ‘Blue Spring’, ‘Zuriblau’ à corolle bleu gentiane.
  • P. mensarum : 60 cm, corolle bleu intense.
  • P. palmeri : 120 cm, corolle blanc rosé, grandes fleurs jusqu’à 4 cm. Le seul penstemon parfumé.
  • P. spectabilis : 120 à 150 cm, spectaculaire, corolle bleu violacé.
  • P. strictus : 80 cm, corolle bleu violacé. Robuste.
  • P. virgatus : 70 cm, corolle mauve.
  • P. watsonii : 60 cm, corolle bleue.
  • P. whippleanus : 60 cm, une couleur unique.

3) Penstémons de jardin sec, fleur à colibris

En voici quelques-uns, parmi les plus beaux :

  • P. barbatus : 80 cm, profil de la corolle en tête de requin.
  • P. cardinalis : 75 cm, bonne longévité.
  • P. centranthifolius : 120 à 150 cm.
  • P. eatonii : 80 cm et plus. Vie courte mais se ressème bien.
  • P. pinifolius : 20 cm, plante tapissante, feuilles étroites comme des aiguilles de pin.
  • P. pseudospectabilis ou penstemon du désert, 90 à 150 cm.
  • P. superbus : 150 cm, superbe !
  • P. utahensis : 45 cm, plante de rocaille.

En Europe, ces fleurs rouges à colibris sont peu visitées, à part des sphinx et des voleurs de nectar (bourdons, xylocopes).

4) Culture des penstémons de jardin sec

Les penstemons ne supportent pas un excès d’humidité, ni en hiver, ni en été par excès d’arrosage. Un sol bien drainé, pauvre en humus (qui retient l’eau), non fertilisé, est indispensable. Dans ces conditions, la plupart des penstemons sont très rustiques. Pailler le sol pour éviter qu’il se dessèche vite.

Arroser régulièrement les jeunes plants jusqu’à ce qu’ils soient bien installés. Après 1 ou 2 ans, les arrosages doivent cesser ou être occasionnels mais abondants, en profondeur. Avant d’arroser, écarter le paillage : si le sol est humide, reporter.

Certaines espèces sont plus faciles pour débuter. Il s’agit des penstémons barbatus, cobaea, glaber, grandiflorus, mensarum, strictus.

Les penstemons sont parfois de courte vie, comme chez les mufliers. Ils fleurissent quelques étés puis disparaissent sans raison apparente. C’est le cycle normal de ces plantes qui produisent beaucoup de fleurs et de graines dès la 1ère année. Pour les prolonger, supprimer les tiges florales avant la formation de graines qui affaiblit le plan. Cela stimulera de nouvelles pousses et parfois une 2iè floraison. Pour anticiper sur les pertes, il est conseillé de faire des boutures.

5) Penstémons passe-partout

Les penstémons passe-partout sont ceux qui s’adaptent facilement à la plupart des jardins français. Il s’agit soit d’espèces du Nord-Est américain, soit d’hybrides créés en Europe.

Espèces du Nord-Est. Il s’agit de Penstemon digitalis, P. hirsutus et P. smallii. Ils sont très rustiques, profitent de sols riches et d’arrosages réguliers en été. La floraison va de mai à juillet, avec des fleurs à abeilles très attractives.

P. digitalis. Hauteur 1 m et plus. Il aime le soleil mais tolère la mi-ombre. Il forme à sa base, une rosette de grandes feuilles lancéolées d’où émergent de longues tiges florales, qui portent pendant 4 semaines environ des panicules de fleurs blanches.

P. digitalis est le parent de plusieurs sélections ou hybrides au feuillage vert bronze : il s’agit des penstemons ‘Husker Red’, ‘Mystica’, ‘Dark Towers’, P.Pocahontas‘ (superbe), … Éviter de trop les arroser ou de leur donner de l’engrais, leurs tiges trop hautes auraient tendance à verser.

P. hirsutus et P. smallii sont deux espèces analogues à P. digitalis, à fleurs mauve violacé et moins hauts (60 cm).

Hybrides européens. Des graines ramenées par les voyageurs ont permis des hybridations dès le début du 19iè siècle en Europe, en particulier en France (Victor Lemoine, vers 1860 à Nancy). Au début du 20iè siècle des centaines de cultivars étaient disponibles, la plupart oubliés. Mais il en subsiste quelques uns, aux origines inconnues mais faciles à cultiver, et qui dominent largement le marché.

Pour en savoir plus

Le site de l’American Penstemon Society. Le livre Penstemons, de Robert Nold.