Silènes

Bombyle sur Silene dioica

Famille des Caryophyllacées, genres Silene ou Lychnis (les deux sont synonymes), Viscaria et Saponaria.

1) Silènes

Ce sont généralement des plantes herbacées vivaces, rarement annuelles, très rustiques, peu exigeantes, parfois de courte vie mais qui se ressèment.

Souvent présentes dans la flore française, ces modestes plantes des champs dépassent rarement 80 cm de hauteur. Les feuilles sont simples, sessiles (sans pétiole), entières, en général opposées, parfois soudées à la base. Leur forme varie selon leur position, à la base ou le long des tiges florales. Le feuillage est caduc sauf chez certaines espèces tapissantes.

Sauf exception, elles ne supportent pas la sécheresse, et le sol doit rester frais à humide. En région chaude, éviter une exposition brûlante.

Les plus connues sont celles à corolle rose. Celles à corolle blanche sont plus discrètes, mais leur pollinisation nocturne est originale.

Suite à de nombreux changements de classification, certaines espèces ont été renommées plusieurs fois, d’où des synonymes !

2) La fleur des silènes

Au printemps apparaissent au sommet des tiges des groupes de fleurs blanches ou roses, rarement rouges. La floraison est longue, souvent plusieurs mois. La fleur est parfois d’un petit diamètre (environ 2 cm pour Silene dioica) mais élégante.

La corolle est étoilée. Contrairement au phlox, ici les 5 pétales sont libres : on peut les arracher séparément. Chacun est formé de l’onglet et du limbe. L’onglet est une longue tige étroite qui attache le pétale au réceptacle floral, et le limbe est la partie visible et colorée. Chaque lobe porte une écaille à deux dents, et les 5 écailles dessinent une couronne autour de la gorge (Images 1 et 3), un repère visuel utile aux butineurs.

La cohésion de la fleur est assurée par le calice fait de 5 sépales soudés. Comme une chaussette, il emmaillote les autres pièces florales. Des nervures saillantes souvent brun-rouge le décorent (image 3).

Le tube de la fleur est profond de 5 à 40 mm. En général, la fleur est bisexuée : le canal abrite 10 étamines, plus l’ovaire prolongé par plusieurs styles. Des glandes à nectar sont situées au fond du canal.

La fleur bisexuée connaît deux stades, mâle puis femelle, sur une durée de 3 à 4 jours. Par exemple, pour une fleur blanche à papillons ‘de nuit’, 5 étamines arrivent à maturité le 1er soir, 5 autres le 2iè soir, puis les stigmates le 3iè soir. Le décalage dans la maturité des étamines permet de fractionner la distribution du pollen aux abeilles, ce qui augmente les chances de pollinisation.

Mais certains espèces sont dioïques : leurs plants sont soit mâles (à fleurs toutes mâles, sans pistil) soit femelles (à fleurs toutes femelles, sans étamines). C’est le cas des silènes dioica et latifolia. La dioécie est un moyen radical d’empêcher l’autopollinisation.

Eviter les variétés horticoles à fleur double, souvent vendues sous le nom ‘Flore pleno’ ou ‘Plena’.

Quelques images de pollinisation :

3) Silènes à fleur rose

La fleur rose, rarement rouge, s’épanouit le matin, sans parfum notable. Elle n’est pollinisée que de jour, par des papillons, abeilles ou ‘mouches’ comme le grand bombyle Bombylius major, tous à longue langue.

Silene acaulis, Silène acaule, Silène des glaciers, Herbe-aux-chamois, présente dans les prairies d’altitude des Alpes. Il forme un coussin dense persistant de feuilles étroites et linéaires, haut de 5 cm. À la fin du printemps, la floraison est superbe mais assez brève. On voit parfois le silène acaule en compagnie de la gentiane de Bavière, d’un bleu magnifique. À installer dans le sol léger, frais et bien drainé, d’une rocaille ou dans les interstices d’un mur de pierres sèches.

Silene schafta (Caucase, Iran). De petites feu illes semi-persistantes forment un tapis haut de 25 cm, couvert de fleurs roses d’août à octobre.

Lychnis flos-cuculi = Silene flos-cuculi. Hauteur 80 cm. Présent dans les zones humides (berges, marais, prairies). Il fleurit en mai-juin, quand chante le coucou, d’où flos-cuculi qui signifie fleur de coucou. Les pétales sont découpés en fines lanières. Eviter les cultivars à fleurs doubles.

Lychnis viscaria = Viscaria vulgaris. Hauteur 40 cm. Beau feuillage, de longues feuilles linéaires, étroites, luisantes forment une touffe d’où jaillissent les tiges florales légèrement collantes, où de petits insectes se font piéger parfois, d’où son surnom d’attrape – mouches. Jolies petites fleurs couleur framboise. Floraison en avril-mai. Eviter ‘Plena’ et ‘Splendens’.

Lychnis alpina = Viscaria alpina, Lychnis des Alpes, proche de Lychnis viscaria, en miniature. Hauteur 20 cm.

Silene dioica, Compagnon rouge. Hauteur 80 cm. Longue floraison de mai à juillet. C’est une plante dioïque, les plants sont soit mâle soit femelle. La fleur femelle a un calice bombé (car il abrite l’ovaire) à 20 nervures et à maturité 5 styles s’échappent du tube. La fleur mâle a un calice plus long, étroit, à 10 nervures, et à maturité 10 étamines sortent de la gorge. Superbe plante si plantée en groupe. Vendu en graines.

Lychnis flos-jovis = Silene flos-jovis, Fleur de Jupiter, endémique du Sud des Alpes. Hauteur 60 cm. Une rosette de longues feuilles feuilles oblongues-lancéolées, duveteuses, vert argenté, d’où se dressent de solides tiges florales élancées, couronnées de fleurs rose violacé. Bonne endurance à la sécheresse.

Dans le même groupe, Lychnis coronaria et Lychnis chalcedonica. Jolies plantes décoratives, mais peu attractives aux butineurs. L. coronaria ne secrète quasiment pas de nectar et se reproduit par auto-pollinisation. C’est une méditerranéenne et elle supporte la sécheresse. L. chalcedonica a la profil contraire : il a besoin d’un sol frais à humide et ne supporte pas une exposition chaude.

4) Silènes à fleur blanche

La fleur blanche, souvent pendante, se signale en début de soirée par un puissant parfum, qui coïncide avec l’afflux de nectar. Sa pollinisation est principalement nocturne, par des noctuelles et des sphinx attirés par le nectar. Des papillons noctuelles du genre Hadena pondent des œufs sur l’ovaire : par la suite, les petites chenilles pénètrent dans le fruit et se nourrissent des graines.

Chez certaines espèces de silène à fleur blanche, la fleur se ferme le matin par enroulement des pétales, et n’est pas visitée de jour. Chez d’autres espèces, elle reste ouverte le jour, visitée par des butineurs à longues langues (abeilles, ‘mouches’).

Les silènes à fleur blanche sont peu distribués, mais on les trouve en graines.

Silene latifolia, Compagnon blanc, la version nocturne de Silene dioica, tous deux dioïques. Hauteur 80 cm. Fleur de 25 mm de diamètre. La fleur femelle a un calice bombé, la fleur mâle a un calice étroit, Une sous-espèce, Silene alba = Silene latifolia subsp. alba. Vendu en graines.

Silene nutans, Silène penché, à cause de sa fleur pendante, qui produit le soir une intense fragrance de jacinthe. Les pétales s’enroulent le jour mais le tube reste accessible aux butineurs. Hauteur 80 cm.

Silene vulgaris, Silène enflé, à cause de son calice bombé, contrairement à celui étroit de S. nutans. Hauteur 50 cm.

Silene alpestris = Heliosperma alpestre, Silène des Alpes, une plante de rocaille qui forme un coussin dense persistant haut de 15 cm et fleuri en été.

Silene maritima = Silene uniflora subsp. uniflora, Silène maritime, une plante de rocaille originaire du littoral atlantique, jusqu’aux mers nordiques. Elle forme un tapis semi-persistant et dense de petites feuilles vert clair, haut de 20 cm, fleuri en été. La fleur présente un tube particulièrement court, enflé et ouvert.

5) Silènes à fleur rouge à colibris

En Amérique, des silènes à fleur rouge sont pollinisés par les colibris.

Silene virginica, Silene regia et Silene laciniata sont trois silènes d’Amérique du Nord, des exotiques qui arborent de superbes fleurs rouge vif à colibris.

6) Saponaires

Les saponaires ( genres Saponaria) ont beaucoup de points communs avec les silènes, notamment leurs fleurs.

Le mot saponaire vient du fait qu’on s’en servait depuis l’Antiquité comme savon pour laver les textiles délicats. En effet, ces plantes sont riches en saponines, des molécules aux propriétés moussantes et lavantes.

Saponaria officinalis, Saponaire officinale, fleur commune des champs. Hauteur 60 cm. Elle produit en été de grandes fleurs riches en nectar, passant en quelques jours du blanc à un rose plus ou moins marqué, et groupées au sommet des tiges. La pollinisation est principalement nocturne, par des noctuelles ou des sphinx, attirés par un puissant parfum dès le crépuscule. Vendue en graines.

Saponaria ocymoides, Saponaire de Montpellier, une vivace qui supporte la sécheresse, habituée des pelouses sèches et calcaires du sud de la France. Haute de 20 cm, elle forme un tapis couvert de fleurs roses à partir de mai. Une plante de rocaille très rustique, à installer en plein soleil dans un sol bien drainé. Vendue en graines.